Vincennes, le 22 décembre 2008
Il y a quelques jours, j’entendais Guy Carlier débiter sur RTL un coup de gueule un peu pontifiant et passablement méprisant contre les Pères Noël qui envahissent chaque année un peu plus les fenêtres et balcons de banlieue au moment des Fêtes de fin d’année. Il reprochait à la fois un manque de goût et une manipulation par les grandes surfaces et autres vendeurs de décorations de Noël, bref il s’énervait contre ces décorations spontanées qui se multiplient désormais en banlieue, mais aussi à Paris, n’en déplaise à Guy Carlier ;-) Et je dois avouer que les premiers Pères Noël que j’ai vus, m’ont aussi un peu agacé, comme les premières décorations privées de tel ou tel jardin de pavillon de banlieue, mais aussi de tel balcon parisien, m’ont tout d’abord surpris, jusqu’au jour où mes voisins ont accroché un Père Noël à une corde bleue, bien assortie à leurs volets, mais un peu trop longue. Et lors de grands coups de vents, le Père Noël de mes voisins se prenaient des faux airs de Superman, volant à l’horizontale au bout de sa cordelette bleue. Cette année mes voisins n’ont pas mis de Père Noël, les enfants sont grands, et le Père Noël Superman me manque un peu.
Et puis un jour, j’ai acheté une première guirlande électrique de petites ampoules aux couleurs acidulées, des roses et des verts, des bleus et rouges, qui me rappelaient les couleurs de Noël de mon enfance, surtout les roses, avec leur transparence si particulière. Et puis une deuxième dorée, qui scintille en grimpant dans un rosier, et encore une troisième cette année, plus acidulées encore. Et finalement, je pourrais poser la question à Guy Carlier, est-il préférable de laisser aux seuls pouvoirs publics de décorer les rues, et surtout aux seules associations commerçantes, comme cette rue de Fontenay où deux demi-sapins bleu ourlés de quelques lumières blafardes basse consommation marquent la présence du pharmacien, qui a financé la décoration, et 50 mètres plus loin, ces autres deux demi-sapins bleus devant le chinois et le marchand de vêtements ? Et finalement, qui manipule qui ?
Il y a quelque chose d’à la fois naïf, comme un retour en enfance, mais tellement sympathique et un peu magique, à voir ces lumières rouges, bleues, jaunes, vertes, qui clignotent dans le jardin d’à côté ou sur le balcon d’en face. Les unes sont modestes, lumières d’espoir dans la nuit de l’hiver, d’autres classiques, avec symétrie et bon goût, il ne faut pas en faire trop, et pour finir il y a la démesure m‘as-tu vu un peu ridicule et involontairement comique, qu’engendrent maintenant les concours de décorations de Noël organisés par les communes. Alors ces pauvres Pères Noël, pourquoi pas les laisser voler dans le vent, ou s’accrocher aux rambardes des balcons faute de traîneaux avec rennes. L’autre jour, à Paris intra-muros s’il vous plaît, et même dans le très chic 15ème arrondissement, au milieu d’une débauche de guirlandes et d’étoiles, j’ai vu une entrée d’immeuble avec un grand Père Noël rouge, et d’autres plus petits, comme une canne qui mène ses petits à la mare. On peut le trouver ridicule, c’est vrai. Mais on peut oublier un instant les soucis de tous les jours, regarder clignoter les guirlandes et croire encore un instant au Père Noël ;-)
Photos prises à Paris 15ème et à Fontenay-sous-bois, le 21 décembre 2008
Jean-Paul Chapon