Aux Pays-Bas, l'accouchement à domicile a le vent en poupe

Publié le 09 août 2007 par Willy

Une mère avec son nouveau-né, dans son lit, le 4 août 2007 à Amsterdam




Par Stephanie van den BERG

LA HAYE (AFP) - 09/08/07 -  Une statistique particulière distingue les Pays-Bas des autres pays occidentaux: on y trouve le plus haut pourcentage d'accouchements à domicile, méthode soutenue par le système de santé... et prisée par les futures mères.

Avec un tiers des naissances à domicile assistées par des sages-femmes, les Néerlandais vont à contre-courant d'une pratique jugée ailleurs dépassée et risquée.

"Les Pays-Bas ont le plus haut pourcentage de naissances à la maison parmi les pays développés", déclare à l'AFP Sjaak Toet, accoucheur à Rotterdam et président de l'association néerlandaise des sages-femmes (KNOV).

Quelque 30% des femmes néerlandaises accouchent à la maison, 60% à l'hôpital, et les 10% restants dans des polycliniques spécialisées qu'elles quittent immédiatement après avoir donné naissance.

Ces chiffres contrastent avec ceux de pays tels que l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et les pays scandinaves, où seul 2% des naissances ont lieu à la maison.

"C'est une question d'attitude, nous sommes terre-à-terre. Les femmes me disent: +tous les enfants de ma mère sont nés à la maison et tout c'est toujours déroulé sans problèmes. Pourquoi irais-je à l'hôpital ?+, explique M. Toet.

Les accouchements à domicile aux Pays-Bas se font sans péridurale ou autre anti-douleur. "Seuls les médecins sont habilités à les administrer", explique M. Toet.

Selon l'approche néerlandaise, la grossesse n'est pas une maladie et les assurances-maladie ne couvrent l'entierté des frais d'hôpital qu'en cas d'impératif médical.

La plupart des femmes sont satisfaites du système, bien que certaines jugent qu'elles sont trop livrées à elle-mêmes.

La maison et l'hôpital ont chacun leurs avantages, selon Laura Westendorp. Agée de 33 ans, cette mère de deux enfants a connu les deux systèmes.

La naissance de sa fille Lisa (2 ans) était "très sereine, très belle. Nous avions mis de la musique et des chandelles".

Ikar (11 mois) est né à l'hôpital. "Sa naissance n'était pas très intime, plus clinique", mais la proximité des soins et de l'aide, au cas où une complication se serait produite, était rassurante.

"Les femmes estiment généralement qu'accoucher à la maison est plus confortable car elles n'ont pas à se précipiter à l'hôpital pour y accoucher en vitesse et rentrer ensuite à la maison après une douche rapide. Aux Pays-Bas, s'il n'y a aucune complication pour le bébé ou la maman, ils sont renvoyés chez eux le jour même", indique M. Toet.

Selon le ministère de la Santé, les Pays-Bas ont toujours encouragé les naissances à la maison, estimant que ce qui peut être accompli en dehors de l'hôpital doit l'être. "Le système tente de ne pas médicaliser la naissance", selon sa porte-parole Ellen Timmer.

Près de la moitié des femmes qui ont opté initialement pour l'accouchement à la maison finissent par aller à l'hôpital, car les accoucheurs les y envoient dès le moindre signe que quelque chose pourrait ne pas se passer comme prévu, pendant la grossesse ou lorsque le travail à commencé.

Branwen Spence, 40 ans et maman de Dylan (5 semaines), est heureuse d'avoir finalement accouché à l'hôpital.

Ce n'est qu'alors que le travail avait déjà commencé qu'elle a compris que la sage-femme ne pourrait pas lui administrer d'anti-douleur. Malgré la décision de la transférer, quatre hôpitaux l'ont refusé, arguant que les péridurales ne sont administrées que pendant les heures de travail.

"Je ne vois pas la grossesse comme une maladie, mais selon moi, les sages-femmes voient cela trop comme une routine", dit cette ancienne infirmière.