Noël-1j : Vivre dans un bateau

Publié le 24 décembre 2008 par -

Si vivre dans un Donjon, c’est difficile pour une fille de 11 ans qui a la pneumonie, vivre dans un bateau, tout seul et dans un désert aquatique, ça remue pas mal l’esprit également… Pour ma part, mon Vendée Globe se passe bien, même si les récents et multiples bugs de connexion et le fait de partir au ski commence à me lasser un peu du jeu, il aura au moins eu l’intérêt de me passionner pour la course et je suis chaque jour les vacations des skippers professionnels sur le site officiel. Demain, c’est Noël, ils sont tous seul, mais visiblement s’amusent bien avec les cadeaux laissés par leurs amis/staff/famille. Je vous retranscris donc les Noël de Samantha Davis (Roxy), contre qui je fait une course virtuelle, et Michel Desjoyeaux (Foncia), leader actuel de la course.

“Eh bien, pendant que vous êtes tous bien au chaud devant un feu de cheminée (ou un barbecue pour ceux qui sont dans cet hémisphère) à déguster des chocolats, fredonner des chants de Noël et boire du vin chaud… je vais vous raconter un peu ma journée à bord de Roxy ! Nous sommes au reaching dans 25 noeuds de vent et une mer agitée, ce qui rend presque tout impossible à bord, un peu comme dans des montagnes russes ! Changer et régler les voiles nécessite une tenue parfaitement étanche, ce qui est plus facile à dire qu’à faire. Essayez d’enfiler un vêtement sec sur la terre ferme, inclinez le sol à 30 degrés, mouillez le sol (ainsi chaque fois que vous posez le pied à terre avant de le mettre dans le vêtement sec, votre chaussette est trempée), bandez-vous les yeux et là, c’est parti pour le grand 8 ! Une fois le changement de voile effectué, il faut alors réaliser la manœuvre inverse : ôter un vêtement (désormais trempé) et l’échange pour un nouveau, sec celui-ci. Toujours dans les montagnes russes ! Un peu plus tôt, j’avais remarqué un gros bourrelet dans le ris de ma grand voile. Il y avait un pli gorgé d’eau et plein à ras bord, ce qui n’est pas bon du tout pour la voile. Je me suis habillée à la hâte et je suis sortie pour voir ce que je pouvais faire. J’ai tout essayé : lofer, changer d’allure… il y avait trop de vent pour secouer le ris… rien à faire pour se débarrasser de cette poche d’eau. J’y suis finalement allée, avec un seau à la main pour la retirer ! 10 seaux - autrement dit pas moins de 100 kg d’eau - étaient stockés dans la voile ! J’ai réajusté les lazy-jacks et j’y suis retournée pour vérifier à nouveau…. pour m’apercevoir que le bourrelet d’eau était toujours là. J’ai fini par prendre un couteau pour faire des petits trous dans la voile et l’eau a fini par s’écouler en pluie fine. J’espère que ce trou de vidange sera efficace… En remontant une dernière fois, je me suis intégralement TREMPEE - comme je m’étais habillée vite fait, je portais juste un haut sec sur moi. Cheveux mouillés ! Beurk ! J’ai pris sur moi, sorti le shampoing et tenté de profiter du bon côté de la situation ! Maintenant, certes, j’ai des cheveux tout propres mais l’eau est TELLEMENT froide que mes cheveux sont aussi durs que de la glace !!! Voilà, c’était un petit aperçu de la vie à bord de Roxy dans les montagnes russes aujourd’hui. Entreprendre quoi que ce soit d’autre serait juste trop dangereux car Roxy saute dans tous les sens ! Je suis assise dans mon sac de couchage à admirer le ballet des albatros autour du bateau au travers de mon hublot tandis que les vagues s’écrasent par-dessus le pont dans le cockpit. Un peu de musique, un peu de lecture, un peu de sommeil, alors que les milles s’égrainent jusqu’au Cap Horn… Aujourd’hui, j’ai ouvert le paquet de mon dîner de Noël. Romain (Attanasio) m’avait préparé un super repas - une délicieuse soupe de poisson avec de la rouille et des croûtons ! Mmmm j’ai tellement hâte! Je me demande tout de même comment je vais faire pour manger de la soupe dans ces conditions !! Je serai peut-être obligée de reporter mon dîner de Noël pour attendre un moment plus calme et propice sinon je risque d’en mettre partout ! Bon Noël à tous de la part de Roxy et moi ! J’ai réussi à boire un verre de vin et déguster un morceau de foie gras pour mon repas de Noël !”

“À l’heure où les dernières cartes bleues qui en ont la force, finissent de prendre un coup de chaud, les cuistots s’affairent, les vignerons attendent, et nos palais aussi. Bah, je dis no, par liesse populaire, parce que ici, les cuistots ont bossé, mais les vignerons, à sec, y z’y ont laissé le bord. Vous inquiétez pas, je me rattraperai plus tard, j’ai plus d’un tire bouchon dans mon sac. Alors le programme de la journée : aller chercher dans la forêt un petit pin, lui mettre les fesses dans un seau, avec un peu de terre, le ramener à la maison, lui mettre la déco, les guirlandes et tout. Attention avec les santons, c’est fragile, sortir aussi le petit Jésus mais le cacher, c’est pour plus tard, faites gaffe aux bougies et autres sources de chaleur, les pompiers sont de garde pour faire la fête entre eux. Bon, ça, c’est fait ! Le père Noël, maintenant ? Oh, trop facile, le père Bilou, il a toujours son déguisement dans son sac de tourdumondiste, il est pas loin, je m’inscris dans sa tournée, chuis sur d’être livré. P. de m., J’ai pas posé la cheminée, par où il va descendre dans mon appartement témoin ? Eh, Bernard, tu peux livrer et poser, c’est une urgence ? Tu parles Charles, il a trouvé mieux à faire, il est parti avec Marion, grande cale celle-là. Trop simple alors, chez Vendée Matériaux, un conduit pour ce soir, ils auront sûrement, le Jean , y m’a dit qu’il avait un chauffage, et puis, à l’allure qu’il va, il sera à temps pour ce soir, tu livres, je pose, et on attend Bilou, comme 2 gamins, cachés de chaque côté de la cheminée, à minuit pile pendant que les adultes soutiennent la production française de qualité, pour le boire et le manger. “Hey Jean, t’y crois, toi, au père Noël ?” ” Non, c’est juste pour voir la tête de Bilou, si y passe dans le tuyau !” Belle soirée en perspective, pour partager ce grand moment, on a la cabine téléphonique à côté, ça va lui coûter cher en gasoil, au Jojo. Vous voyez, grâce au Vendée Globe, nous aussi, on terriens pour faire la fête ce soir. Que des bons produis, j’ai dit, je ne veux pas voir sur la table “mélangedevinsdesdifférentspaysdelacommunautéeuropéenne”, y mettent tout attaché tellement y z’ont honte, mais y font quand même ! La porte de devant est ouverte. Qui vient avec les glaçons ? Service de visite momentanément interrompu pour cause de fêtes de fins d’année. Foncia Pacific. Hips !”

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