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Louise Brown, 30e anniversaire du bébé-éprouvette

Publié le 26 décembre 2008 par Raymond Viger

Louise Brown, 30e anniversaire du bébé-éprouvette

fécondation in vitro

Geneviève Bougie, Agence Science-Presse

Louise Brown, premier bébé conçu par fécondation in vitro, a célébré son 30e anniversaire le 25 juillet dernier. Depuis cette première mondiale réalisée par les docteurs anglais Patrick Steptoe et Robert Edwards, cette technique de procréation assistée a connu un développement rapide, à un point tel que cette technique est devenue presque banale. Toutefois, son taux de succès est très variable (entre 7 % et 43 % selon l’Observatoire de la génétique en 2003) et les techniques ne sont pas sans risque pour la santé de la femme et de l’enfant à naître.

D’abord, la technique fécondation in vitro implique, dans 80 % des cas, une stimulation ovarienne à l’aide de médicaments afin d’accroître le nombre d’ovules à féconder. Mais comme le souligne Nathalie Parent, coordonnatrice à la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN), la stimulation ovarienne peut occasionner des problèmes de santé importants pour la femme, incluant des embolies pulmonaires, des accidents vasculaires cérébraux et peut parfois conduire au syndrome d’hyperstimulation ovarienne qui dans sa forme la plus sévère nécessite une hospitalisation.

Les grossesses multiples et naissances prématurées

Afin d’augmenter les chances d’une grossesse, on procède au transfert de plus d’un embryon à la fois dans l’utérus de la femme. Selon une étude réalisée en 2003 par la Canadian Fertility and Andrology Society, on transfert deux embryons à la fois dans 50 % des cas et trois à la fois dans 27 % des cas (dans seulement 10 % des cas, on procède au transfert d’un seul embryon). Or, cette pratique augmente également le taux de grossesses multiples de 14 % à 50 % (alors que ce taux n’est que de 2 % pour l’ensemble de la population). Et les grossesses multiples… multiplient les risques de naissances prématurées. Selon le Dr François Bissonnette de la clinique OVO à Montréal, de façon générale, les gens sous-estiment les risques liés aux grossesses multiples. « Le désir d’avoir un enfant est si grand que, non seulement le scénario d’une grossesse multiple n’effraie pas les futurs parents, mais parfois même, il soulève leur enthousiasme », dit-il. Pourtant, les faits sont sans équivoque : les traitements d’infertilité seraient à l’origine de 30 à 50 % des naissances de jumeaux, et de près de 80 % des naissances de triplets, quadruplés et quintuplés. Parmi ces bébés prématurés, plusieurs souffriront de déficience mentale ou de paralysie cérébrale.

Malgré tout, il n’est pas rare de rencontrer des couples qui demandent le transfert de plusieurs embryons afin d’augmenter leur chance de grossesse. Un document de la Fédération du Québec pour le planning des naissances avançait qu’il n’y a pas si longtemps, ce nombre pouvait atteindre cinq, six voire neuf embryons à la fois. Aussi, plusieurs intervenants déplorent l’absence de débat éthique entourant ces technologies. L’automne dernier, les Drs Raymond Lambert, Marcel Mélançon et Jacques Mailloux de l’Observatoire de la génétique affirmaient que : « Les grossesses multiples ainsi que la prématurité qui en résulte sont le principal facteur de risque créé par la fécondation in vitro pour la santé des enfants. Une politique de transfert d’un seul embryon par cycle fécondation in vitro réduirait considérablement ces risques. » Pour sa part, la Fédération du Québec pour le planning des naissances déplore que le Canada et le Québec ne disposent toujours pas d’aucun registre public et indépendant concernant l’efficacité des diverses techniques de procréation assistée. Actuellement, le gouvernement du Québec étudie un projet de loi (Loi 23) visant notamment à limiter le nombre d’embryons transférés.

De l’infertilité à la dépression

Les avancées technologiques et l’accroissement des taux de réussite contribuent à entretenir de nombreux espoirs. Mais il n’en demeure pas moins qu’une majorité de couples infertiles connaissent ou connaîtront l’échec. Cet échec peut se solder non seulement par un gouffre financier (les frais liés à la procréation assistée coûtent entre 11 000 $ et 15 000 $), mais également par une grande détresse psychologique. « On observe une détresse évidente chez les femmes infertiles qui tentent depuis plusieurs années d’avoir un enfant. Une déception qui se transforme souvent en frustration, voire même en dépression dans près de 20 % des cas », affirme Dr Janet Takefman, directrice des services psychologiques du Centre de reproduction McGill. L’inquiétude et les attentes sont grandes chez ces couples dont trois sur quatre devront faire le deuil d’avoir un enfant.

Infertilité

Les causes de l’infertilité sont nombreuses et parfois même, inconnues. Selon la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN), un couple sur 12 éprouverait de la difficulté à concevoir un enfant. Et ce taux n’aurait guère varié depuis les dernières décennies. Or, le nombre de couples qui font appel à la technologie pour avoir un enfant a beaucoup augmenté. Cette situation serait attribuable notamment au fait que les femmes d’aujourd’hui ont des enfants plus tard qu’auparavant. Selon les données générales de Statistique Canada, 48 % des femmes qui ont donné naissance à un enfant au cours de l’année 2003 étaient âgées de 30 ans et plus, alors qu’elles n’étaient que 25 % il y a vingt ans. Environ 1700 traitements pour l’infertilité ont été pratiqués au Québec en 2005. Depuis la naissance de Louise Brown en 1978, trois millions d’êtres humains sont nés grâce aux techniques de procréation assistée.

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