Depuis 1972 (37 ans...), Roman Opalka n'a qu'un seul objectif : achever la série de toiles intitulée Détails 1/-∞ qui prendra fin... le jour de sa mort. Normal ! direz-vous, c'est le but de chaque peintre, comme c'est celui de chaque acteur de mourir sur scène. Sauf que l'artiste conceptuel polonais, aujourd'hui âgé de 78 ans, ne peint qu'une suite de chiffres blancs sur des toiles noires dont il augmente le taux de blanc à chaque nouvelle oeuvre - 1% de luminosité gagnée par toile réalisée. Autrement dit, il peint aujourd'hui quasiment blanc sur blanc, rendant toute lecture impossible. Au dos de chaque tableau, sont inscrits les premier et dernier nombres qui le déterminent, définissant une diagonale, comme autant de "cartes de voyage" selon l'artiste. Tout en peignant, Opalka s'enregistre énumérant les nombres à haute voix et il se prend en photo une fois par jour, toujours dans la même position et vêtu de le même façon, pour témoigner du temps qui passe. De l'art obsessionnel ? Certes, mais sûrement pas une perte de temps : Opalka, parti de 1, a dû atteindre aujourd'hui le nombre près de 6 millions et l'une de ses toiles s'est vendue en 2005 115 000 euros (Detail 218303-252314 de 1967). Imperturbable, l'artiste poursuit son chemin, interrogeant le temps et l'espace, avec toujours la même intensité. Ses expositions sont assez rares : il ne faut donc pas manquer celle qui nous est proposée à Nice en ce début d'année.
Roman Opalka expose au Musée Chagall à Nice, jusqu'au 9 février.
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