Mardi 23 décembre, le gouvernement français a communiqué à la Commission européenne son "plan de stabilité." Comme ailleurs en Europe, les mauvaises nouvelles s'accumulent sur le front de l'emploi et de la croissance. Mais la situation française est plus préoccupante que d'autres, tant ses finances publiques sont dégradées avant même le déclenchement de la crise. Mauvaise gestion Curieusement, les autorités françaises se montrent optimistes dans leur plan présenté à Bruxelles : "l'amélioration du marché de l'emploi dans l'économie française et une meilleure gestion de l'accompagnement des demandeurs d'emploi (création de " Pôle emploi " né de la fusion ANPE-Unedic) permettrait une diminution des dépenses du régime d'assurance chômage de 2,5% en moyenne par an sur la période 2010-2012". Ainsi, "les dépenses des administrations de sécurité sociale progresseraient de 3,6% en moyenne par an entre 2010 et 2012", grâce à "une progression modérée de la dépense sous Ondam (assurance maladie, ndlr) de +3,3% sur la période, une croissance relativement soutenue mais en ralentissement des prestations vieillesse (+4,8% en moyenne par an), une faible croissance des prestations familiales (+2,4% en moyenne par an) et une diminution des prestations chômage" (source). Vous avez bien lu: le gouvernement français prédit une amélioration de l'emploi dès 2010, ce qui réduira le coût de l'indemnisation des chômeurs. Le plan français confirme le glissement sans précédent des dépenses publiques. Comme nous le rappelions hier, ces dernières dépasseront en 2009 le précédent record qui date de 1997, à 53,5% du PIB. En arrivant au pouvoir, Nicolas Sarkozy avait déjà dû négocier avec ses partenaires européens, et demandé "de lui donner du temps pour réformer son pays et ramener à l’équilibre ses finances publiques" : la promesse française d'un retour à l'équilibe des finances publiques ne serait pas pour 2010, pour cause de paquet fiscal... Les pays de la zone euro s'étaient fixés 2010 comme date butoir pour ramener les déficits à zéro et la dette à 60 % du PIB. "Nous ferons tous les efforts pour atteindre l’équilibre budgétaire en 2010, avait expliqué le président de la République, le 9 juillet 2007. Si l’on n’y arrive pas, alors je demanderai à être au rendez-vous de 2012." Le scandale des centres de rétention. Mardi 23 décembre, Bruxelles rappelait aussi Paris à l'ordre sur ses centres de rétention d'immigrés clandestins, à propos de l'affaire de Mayotte. La révélation, la semaine dernière, des conditions de détention des sans-papier interpelé sur cette île français du bout du monde a choqué. L'un des porte-parole de la Commission européenne a ainsi déclaré : "La Commission européenne appelle au respect des droits de l'Homme partout où des violations sont identifiées". Citant explicitement le centre de Mayotte, il a ajouté que "les hommes, les femmes et les enfants retenus dans ce centre ont droit à des conditions de vie décentes." Ironie du sort, Brice Hortefeux, ministre de l'identité nationale, se félicitait le 3 novembre dernier de l'adoption du pacte européen sur l'immigration, proposé par la France. Ce dernier stipule notamment que "les étrangers en situation irrégulière sur le territoire des Etats membres doivent quitter ce territoire. Chaque Etat s'engage à assurer l'application effective de ce principe dans le respect du droit et de la dignité des personnes concernées". Arroseur arrosé ? La semaine dernière, il a fallu que le quotidien Libération publie photos et video pour déclencher une réaction officielle française. Nicolas Sarkozy est d'habitude très prompt à intervenir dans les médias pour défendre n'importe qu'elle victime. Cette fois-ci, il est resté discret. Aucune réaction présidentielle. Seul Yves Jego, le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, expliqué que cette situation n'était pas acceptable. La préfecture de Mayotte a ensuite affirmé, samedi 20 décembre, que la journée du 22 octobre 2008 filmée par les journalistes correspondait