LEMONDE.FR | 12.12.08 ©
Certes, la période était sans nul doute fort tendue pour la police britannique. Des attentats simultanés dans des autobus venaient d’endeuiller Londres (le 7 juillet 2005) faisant 56 morts et plus de 700 blessés et par ailleurs, la veille de cette tragique méprise, une autre série d’attentats avait échoué (les charges explosives n’ayant pas fait sauter les sacs comme lors des premiers attentats).
Il me semblait avoir lu à l’époque que Jean-Charles de Menezes avait été pris en filature depuis son domicile. J’ai rafraîchi ma mémoire en consultant un article de Wikipedia qui relate très bien l’affaire. Comme je n’ai aucune propension à la paraphrase, je vous invite à le consulter. Je n’en retiendrais que les éléments qui me seront nécessaires…
L’immeuble où résidait Jean-Charles de Menezes était surveillé précisément parce qu’à l’intérieur d’un des sacs qui n’avait pas explosé les policiers avaient découvert une carte de membre d’un club de sport indiquant cette adresse. Or, la personne à qui elle appartenait était noire. Et Menezes… blanc.
La méprise était déjà de taille ! Je n’arrive d’ailleurs pas à comprendre que les policiers aient «planqué» alors qu’il eût été nettement plus facile de cerner l’immeuble et de le fouiller appartement par appartement, d’autant plus qu’ils connaissaient l’identité du terroriste et que le flagrant délit était constitué par le sac bourré d’explosifs.
Toujours est-il que Jean-Charles de Menezes, appelé pour son travail, est sorti et c’est dirigé vers la station de métro la plus proche… On connaît la suite. Il a été abattu de sept balles dans la tête alors même qu’il était maîtrisé et maintenu au sol par d’autres policiers…
Mais le pire ce sont les mensonges ! Les policiers ont plaidé la légitime défense, soutenu – contre les enregis-trements vidéo – qu’il était vêtu d’un vaste pardessus noir alors qu’il portait une veste en jean et qu’il aurait sauté le portillon et pris la fuite - Le seul moment où il ait couru, c’est pour attraper la rame au seuil de laquelle son destin s’est achevé tragiquement.
«Appartenait» : l’imparfait s’impose car elle aurait été démise de ses fonctions. Honni soit qui mal y pense ! La vérité n’est pas bonne à dire au pays des Blair. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres …
Comment ne pas penser au suicide (?) - le 17 juillet 2003 - de l’expert en guerre biologique David Kelly, fonction-naire du ministère de la défense mais surtout inspecteur de l’ONU en Irak (où il s’était rendu 37 fois) et qui avait fourni des renseignements à un journaliste de la BBC – Andrew Gilligan – lequel enquêtait sur la falsification d’un rapport datant de septembre 2002…
Le doute est permis quant au suicide – selon la police il se serait tailladé les veines du poignet gauche - quand on apprend que le 21 août 2003, devant la commission d’enquête réunie pour déterminer les circonstances exactes de sa mort, un témoin déclare que le 27 février à Genève David Kelly lui aurait dit que «si l’Irak était attaqué, il serait “probablement retrouvé mort dans les bois”»…
Rétrospectivement, je ne saurais dire quel crédit on peut accorder aux affirmations de la police quant aux circonstances exactes du suicide de David Kelly – lesquelles m’avaient déjà parues à l’époque plus que suspectes – quand on les passe au crible des mensonges de la police au sujet de l’affaire Menezes…
J’en retire toutefois une inébranlable conviction : Tony Blair est bien la petite ordure prétentieuse et nullement de gauche telle que je l’ai toujours «calculé» et comment m’étonnerais-je ensuite en lisant tout à l’heure sur Le Monde.fr qu’Eric Besson (qui devrait rejoindre officiellement l’IMP et prendre du grade dans le gouvernement) se réclame du «blairisme» ! Sacré blaireau va !
Je suis désolée mais bien qu’ayant lu, longtemps avant mes études, un ouvrage fort intéressant sur le droit comparé, j’ai toujours beacoup de difficultés à comprendre les arcanes de la “common law” et je ne sais absolument pas en quoi consiste le “verdict ouvert” qui, au grand dam de la famille Mezenes, a été préféré au verdict de “meurtre” que de surcroît on avait quasi interdit aux jurés de rendre…
Le choix d’une commission d’enquête plutôt que d’un procès est déjà significatif en soi puisqu’il ne s’agit pas de punir le policier auteur des coups de feu mais d’enquêter sur les circonstances du décès…