Denis Szalkowski, éditeur du blog VoieMilitante de Brionne, m'a inspiré et donné l'occasion de parler de la télévision, en réalité des télévisions. Comme pour le reste de l'information, il faut faire de choix d'un angle. Celui qui m'interpelle le plus, aujourd'hui, est cette télévision qui s'auto-célèbre en permanence. Pour ce faire elle a créé le talk-show. Sa conception (concept, en jargon télévisuel) nous vient des Etats-Unis avec un détail d'importance: les chaînes américaines ne l'ont pas inventé pour parler d'elles-mêmes, mais des autres. En France, elles se servent d'abord. Le principe du talk-show est simple: une grande table, ronde ou ovale, autour de laquelle trônent un animateur en chef et une dizaine d'invités. L'ensemble en public, lequel doit applaudir sur commande et le plus souvent possible. La tablée parle de tout, à l'emporte-pièces, dans un rythme saccadé, entrecoupé de rires, de mots salaces rehaussés d'onomatopées pour mieux faire passer le message. Au moment où les échanges atteignent les sommets de la connaissance, l'animateur se tourne vers l'un des invités. C'est un hasard. Il s'agit de l'animateur d'un autre talk-show d'une chaîne concurrente. Il vient d'écrire un livre où il raconte sa vie d'animateur télé. Dans son oeuvre il décrit les coulisses, sa difficile vie, la manière dont il est passé d'une chaîne à l'autre, le harcèlement dont il est victime de la part des directeurs de programmes. L'animateur en chef le plaint, lui demande comment il peut résister, ce qu'il compte faire. Bref, du grand débat...
Trois semaines plus tard, l'animateur au bout du rouleau reçoit sur son plateau celui qui l'accueillit aimablement. L'autre va sortir un livre sur les "Stars de la télé", et rebelote...
Le constat est récurrent. Des têtes d'affiches qui font la télé ne cessent de se recevoir mutuellement dans leurs propres émissions pour vendre et promouvoir les produits dérivés tels DVD, pièces de théâtre, films, livres. Les directions des chaînes ne semblent pas s'émouvoir de la situation. Attendons de voir ce que la réforme de l'audiovisuel public envisage pour mettre fin à cette auto-promotion permanente des "gens de télé".
Il est indéniable que certains talk-shows échappent à ce système et font montre de réelles qualités distractives et informatives. C'est le cas de "On est pas couchés" de Laurent Ruquier, par exemple, sur France2.