Noël pour Monica

Monica est mexicaine. Elle vivait à Phoenix, Arizona, USA. Un mari, 4 enfants, une belle maison, 2 voitures, un bon job dans l'usine parce qu'elle est bilingue. Bonne mère, bonne catholique, bonne ouvrière, bonne contribuable. Rien à dire, en somme. Ses papiers ne sont pas en règle mais depuis 31 ans qu'elle vit là, depuis l'âge de 3 ans, aux USA, elle pense que ça va. Quand j'entends parler de Monica pour la première fois en Avril 2008, elle vit depuis 2 mois sous un pont avec son mari à la frontière mexicaine, loin de ses enfants.Ses enfants sont américains. Ses enfants sont restés à Phoenix. Je ne peux plus oublier la voix de Monica au téléphone avec sa fille. Monica pleure. Monica meurt. On ne peut pas se remettre d'entendre un tel désespoir.
Des milliers de mexicains sont ainsi expulsés à vie et ramenés à la frontière. Je la vois Monica, en repensant à la traversée du désert d'Amelia dans le magnifique Babel.
Les américains s'inquiètent pour leurs salades (Clic)et moi, je pense à Monica. Ce matin-là pour la première fois, loin de mon île, sur la route de Tijuana, et depuis tous les matins.

Alors évidemment, je ne suis pas la seule ainsi à être bouleversée. Appeler Là-bas si j'y suis. Demander ce qu'il faut faire. Faire ce qu'il faut faire. Réussir à amasser un peu d'argent pour les honoraires d'un avocat. Un avocat qui fera bien son boulot. Il y a aussi des associations américaines qui sont à la frontière pour aider ces mexicains. Des mexicains qui ne demandent qu'à travailler, là où on peut travailler.

Une belle solidarité pour Monica qui finalement ne demande pas grand-chose. Retourner vivre à Phoenix auprès de ses enfants, reprendre son travail à l'usine. Poursuivre sa vie à Phoenix. Simplement.

Christmas Day, Phoenix, Arizona, USA.

Dans une belle maison, Monica, son mari et leurs enfants.

Le bonheur retrouvé.

Moi ça me va.
Un très beau Noël à tous.