Sassoune Abeberry : « Nous avons des atouts attractifs incontestables »
PAYS BASQUE PRIVILÈGE. Ancien joueur de cesta punta aux États-Unis, le Biarrot Sassoune Abeberry a créé une PME spécialisée dans le voyage et l'accueil de groupes étrangers Sa voie semblait toute tracée. Fils du boulanger Albert Abeberry, un des cinq frères de la célèbre dynastie biarrote, Sassoune a d'abord joué au Biarritz Athletic Club avant de devenir pro de cesta punta, la discipline la plus spectaculaire de la pelote basque, avec un contrat aux États-Unis en 1978. C'était l'époque où les paris faisaient rage : de la Floride à Bridgeport et Milford (Connecticut), il pleut des contrats. Et puis voilà qu'en 1990, une longue grève entre joueurs et organisateurs plombe le doux rêve américain de Sassoune. Il décide de rentrer au pays avec Wendi, sa jeune épouse américaine. Mais on ne l'y a pas attendu. « J'ai connu alors une période de galère de serveur dans un bar à drapiers à Quiksilver. Et puis, un jour, je rencontre Jean-Louis Leimbacher, directeur de l'Hôtel du Palais. Il m'explique que le palace ouvrant toute l'année, il désire renouer avec une clientèle américaine et mettre en place une logistique permettant de les accueillir. Mon passage en Amérique l'intéresse. » C'est ainsi qu'est né Pays Basque Privilège, créé avec l'aide de « Sud Ouest » Voyages. La vague « incentive ». « C'est aussi à ce moment que le groupe pétrolier Exxon lance un séminaire à Biarritz que nous organisons et qui nous permettra de décoller. Et aussi de voir atterrir à Biarritz-Parme le célèbre Concorde. » De 1995 à 2001, Sassoune va surfer sur la vague « incentive » (motivation, en anglais) : ces stages sous forme de voyages d'agrément qui récompensent les cadres des entreprises américaines. Jusqu'à un certain 11 septembre 2001, jour de l'attentat des Twin Towers de New York. « L'émotion passée, les cadres sont repartis et, a priori, nous pouvions conserver cette clientèle. Mais, plus tard, le veto du président Chirac à l'intervention militaire en Irak nous a coupés des Américains. Par inexpérience, nous n'avions pas anticipé ce genre d'aléa et la situation nous a obligés à licencier presque tous nos collaborateurs, soit 10 personnes. Nous avons dû reconstruire l'édifice. Par chance, des réussites ont salué nos initiatives, comme le congrès du Group Auto Union, rassemblant 600 pros d'entreprises de pièces détachées de voitures venus de 21 pays. Nous avons organisé un dîner géant sur le plateau du phare de Biarritz qui est resté dans les mémoires. » Nuages. Aujourd'hui, la nette amélioration des relations entre la France et les USA commence à se percevoir dans l'activité de la société. Toutefois, de nouveaux nuages s'annoncent dans le ciel de Pays Basque Privilège. La faute à la crise, certes, mais aussi à la suppression de la ligne qu'Air France exploitait entre Biarritz et l'aéroport de Roissy, en raison de l'arrivée d'easyJet sur ce créneau parisien. « La clientèle étrangère n'a pas envie d'aller récupérer ses bagages à Roissy puis traverser Paris et gagner Orly. Nous avions trois projets bien avancés et cet élément les a fait capoter au profit de la concurrence. C'est regrettable, car entre Pays basque français et espagnol, avec le musée Guggenheim de Bilbao, nous avons des atouts attractifs incontestables. Mais il faudrait que ce phénomène d'enclavement aérien s'arrête. »
Article SUD-OUEST : Auteur : Félix Dufour