En 1880, un député français dénonçait « l’invasion » des immigrés italiens, mais aussi « l’infiltration » suisse.
Phénomène de masse d’un côté, mouvement diffus de l’autre : c’est sans doute pour cela que l’immigration helvète en France s’est vite effacée de la mémoire collective.
Y compris en Haute-Marne ou, sans atteindre l’ampleur du Doubs et du Jura, le phénomène a été tout sauf anodin, entre la fin du XIXe siècle et la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Mais pourquoi la Haute-Marne ? Paysans dans leur écrasante majorité, les migrants pouvaient y poursuivre leur mode de vie rural .
Décimée par le phylloxéra puis les pertes de la Grande guerre, l’agriculture du département était au plus bas dans les années 1920.
Les nombreuses fermes et terres à l’abandon ne pouvaient qu’attirer les migrants, pour la plupart originaires des cantons de Berne et Fribourg. Et de langue alémanique pour 60 % d’entre eux.
Le Bassigny va
constituer le point de chute de la
majorité des Helvètes arrivés en Haute-Marne. Et
pour cause : nombreux
parmi eux sont ceux qui recherchent des pâtures. Soit pour
continuer à
produire de lait, soit pour fabriquer de l’emmental.
En apportant la technique de la pâte cuite pressée, les
pionniers
suisses n’ont pas seulement essaimé leurs fromageries dans la
campagne
sud haut-marnaise. Ils y ont favorisé la mise en
pré de nombreuses
terres, et obligé
les agriculteurs à leur
fournir un lait d’une qualité constante.
Aux côtés de l’instituteur et du curé, le fromager
suisse n’a dès
lors pas tardé à devenir incontournable dans nombre de
villages
haut-marnais. Jusqu’à ce que l’industrialisation de l’emmental
n’entraîne la disparition de la plupart de leurs unités
artisanales à
partir des années 60.
La Haute-Marne se place aujourd'hui
à la
troisième place des
départements producteurs d’emmental.
Le département compte actuellement :
Pour 2007, la production d’Emmental Grand Cru à été de 6700 tonnes dont 1400 tonnes produites en Haute-Marne.
.
Mais
passons aux choses sérieuses... à la recette!
Un soir
de semaine, mon mari est rentré en clamant, pour la nième
fois ce mois-ci, qu'il voulait manger une soupe.
C'est sa grande passion, en ce moment, et moi, ça me force
à redoubler de créativité pour faire ENCORE une
soupe différente, et tout ça, avec toujours les
mêmes légumes du jardin.
La saison 2008 ayant été particulièrement
généreuse en courges de tout genre, c'est une Bleue de
Hongrie qui allait servir de base à la soupe du jour.
Elle peut peser jusqu’à 10 kg. Sa peau est
blanc-bleutée, et sa chair douce et savoureuse franchement
orange.
Elle est parfaite pour frire à la poêle et se conserve
très bien (enfin, ça on va pouvoir le vérifier,
j'en ai un beau stock!).
photo: la courgerie
Et pour relever la douceur de cette courge, rien de
mieux que quelques morceaux de fenouil...
Recette
Ingrédients (pour 4 personnes):
500 grammes de courge bleue de Hongrie
1-2 gros bulbes de fenouil
1 cuillère à café de 4 épices
emmental rapé de Haute-Marne, à volonté
sel à votre goût
eau
Peler grossièrement la courge (la courge Bleue
de Hongrie a une peau assez épaisse, attention à ne pas
glisser avec le couteau!)
La détailler en morceaux (pas besoin de trop fignoler...)
Détailler le fenouil en morceaux plus petits (tout cuira
ensemble, le fenouil coupé plus petit sera cuit en même
temps que les plus gros morceaux de courge)
Mettre dans une cocotte et recouvrir d'eau.
Mettre à cuire jusqu'à ce que les légumes
s'écrasent facilement à la fourchette, mais pas trop (pas
besoin de faire de la bouillasse ;) )
Passer le mixeur plongeant dans la cocotte jusqu'à ce qu'il ne
reste plus de morceaux.
Assaisonner avec le 4 épices et le sel.
Servir dans de petites soupières ou dans des bols, et parsemer
de copeaux d'Emmental.