Comment parler des tableaux de Mark Rothko ? (à la Tate Modern à Londres jusqu’au 1er février). Je m’en étais déjà trouvé incapable il y a quelques années, visitant la Chapelle de Houston, resté muet. Il est ainsi des moments où on ne peut que se taire, méditer ou prier, se laisser envahir par des sensations inconnues, une sérénité muette jamais atteinte jusque là. Les mots sont impuissants, trop froids, trop pédants.
Bien sûr, on peut toujours avoir un discours savant, analytique, historique, structuré, mais le catalogue, remarquable, est là pour ça, plus tard. Ici, dans les salles, c’est la poésie qui règne, les fantômes qui flottent, le premier chapitre de la Genèse qui se déroule.
Il sera bien temps ensuite de lire, de tenter de comprendre, de regarder aussi l’indiscrétion irrespectueuse avec laquelle les conservateurs tentent de percer les secrets de sa technique, comme pour un maître ancien, comme pour renforcer la dimension archaïque, primitive de son travail.
Mais pour l’instant, zen ou chrétien, il faut simplement méditer.
Joyeux Noël à tous !
Photo © Hans Namuth, 1964 (comme un écho de celle-ci).