Si la langue de bois était un sport olympique, France Inter serait sans doute le terrain d’entraînement préféré des Bleus de l’UMP. On avait assisté hier, médusés, à l’extraordinaire performance de X.Bertrand, qu’on voyait déjà en haut de l’affiche à Pékin ou ailleurs. Las, ce matin, le jeune prodige L.Wauquiez vient de renvoyer le néo-secrétaire général adjoint à ses chères études après une démonstration de langue de bois qui ne saurait déplaire aux brebis égarées du Modem : le style “curé”. Tout en commisération, Père Laurent nous impose son homélie pour soutenir une loi d’inquisition, en psalmodiant qu’il s’agit d’un contrat entre le chômeur et l’institution.
Ce sous-ministre n’est pas un méchant, il fait seulement des efforts louables pour “limiter-les-abus et faire en sorte que le-chômeur-ne-s’installe-pas-dans-l’assistanat”. Le ton est concerné, l’écoute attentive, ce jeune loup de la droite extrême tient son rôle de confident à merveille. Selon ses dires, il “passe un deal” équitable avec le demandeur d’emploi. Il se résume ainsi : soit l’indolent accepte un boulot quel que soit le secteur d’activité à 85 % de son salaire antérieur, soit il est radié. Honnête quoi ! L’administration dans sa généreuse bonté, tolère deux abjurations aux récalcitrants.
Ensuite, nous apprenons, ébahis, de la bouche même du vicaire, que ce dispositif est déployé pour convertir à la besogne 5 % des brebis égarées, cheptel considéré comme fraudeurs (comprendre feignants). Le gouvernement édifie une loi coercitive qui potentiellement touche 20 millions de travailleurs, pour traiter le fourvoiement de 75 000 impies. C’est comme chasser la mouche à la Claymore. Si par un très improbable hasard dû à des facteurs mondiaux une “apocalypse” économique touchait la France, que le chômage touchait une partie importante de la population, quelles seraient les conséquences de cette nouvelle doctrine ?
Selon l’INSEE, aujourd’hui l’officine statistique de l’UMP*, le chômage est au plus bas depuis Mathusalem. L’Elysée déclame qu’il serait en voie d’extinction. Et pourtant, on développe un arsenal très astreignant. On mentirait sur la réalité du phénomène ou on se trompe simplement de politique ?
Parallèlement à cette catéchèse de contrôle, aucune ressource n’est prévue pour le suivi individualisé des chômeurs. Pour l’alguazil Wauquiez, l’objectif est clair : faire baisser les quantités, quelle que soit la qualité. En effet, il est dorénavant admis qu’une assistante maternelle ne peut plus refuser un emploi de caissière ou de télémarketing. La soumission à un revenu inférieur n’est pas une disposition pragmatique, mais bien un commandement du dogme de la doxa libérale. Consentir à moins de pouvoir d’achat, loin de chez soi, sera le nouvel ordre du travailleur occidental globalisé. Et on prépare le pèlerin à marche forcée.
De plus, en pleine crise pétrolière, un cénacle impose aux citoyens d’aller trimer à 30 kilomètres de chez lui sous peine d’excommunication. C’est une mesure qui tombe à point pour montrer son volontarisme écologique et faire baisser les dépenses énergétiques. Sacrilèges, où est J.L.Borloo et son Grenelle ?
De plus, l’abbé Wauquiez, prosélyte de l’ascétisme nous confesse qu’il ne faut pas trop augmenter le SMIC (même si l’inflation se dirige doucement vers 4 %), car cela risquerait d’augmenter le nombre de smicards. Diable !
Dans sa guerre de classe, l’épiscopat UMPiste se lance maintenant dans une croisade contre les chômeurs. Quitte à stigmatiser une population qui n’en avait pas besoin.
Amen.
*Tous les trimestres, l’INSEE annonce la hausse effective du pouvoir d’achat