Le soir, les rues et les chemins offrent un contraste de lumière et d’obscurité ; les illuminations de Noël sont comme le refus des longues nuits de l’hiver. C’est le contraire de la résignation. De façon significative c’est aussi la fête de la nativité — signe que la naissance d’un enfant est littéralement extraordinaire.
Aristote remarquait que tous les changements s’expriment facilement en indiquant entre quels contraires ils se font. Par exemple un déplacement est un passage du repos au mouvement : un corps, d’immobile qu’il était, à présent se meut. De même pour la croissance et le développement d’un enfant : de petit il devient grand, et d’ignorant instruit.
Mais exprimer la naissance ? Comment dire la génération ? Cette fois le changement va du non-être à l’être. On comprend qu’un être devienne grand, de petit qu’il était ; mais il est absurde de dire qu’un être passe du non-être à l’être. Petit, immobile, instruit : ce sont des attributs possibles ; mais attribuer le non-être à quelque chose, c’est ne rien en dire.
Parler du mélange de cellules mâle et femelle ne résout pas le problème : cela revient à dire qu’un être, de deux qu’il était, devient un. La génération résiste à la mise en discours. Mais peut-être la difficulté vient-elle de ce que l’on cherche une origine à ce qui en un sens est déjà une origine absolue.
C’est ce qu’exprime le mot nouveau-né. Et c’est à quoi songent les parents quand ils espérent que leur enfant fera mieux qu’eux-mêmes. Ils le pensent alors sous l’idée de nouveauté radicale par rapport à ce qui précède — sans résignation, à la manière de ces lueurs dans la nuit.