Ce matin comme tous les matins, je suis passé devant "le SDF d’en bas". Il a tendu la main, comme tous les matins. Et aujourd’hui, rien. Pas une pièce, même pas un sourire. Non, aujourd’hui, j’ai trouvé qu’il puait. Que s’il voulait de la tune, qu’il se lève et qu’il se mette au taf. Qu’avoir un clébard alors que tu n’as pas de quoi bouffer, c’est un problème de priorité.
Pourtant, la semaine dernière, je lui ai filé une couverture. J’ai discuté avec lui. Je lui ai demandé où est-ce qu’il dormait, s’il avait des points de chute au chaud. Je lui ai donné un ticket resto.
Alors pourquoi ce revirement ? Pourquoi ne pas quotidiennement lui donner une pièce, passer un peu de temps avec lui ? Parce qu’un ticket resto et une couverture me permettent de satisfaire ma conscience ? Pourquoi je ne lui demande pas où il passe Noël ? Parce que j’ai peur de sa réponse ? Parce que ce mec, au fond, je m’en fout ?
On est capable de filer des milliards pour aider les thaïlandais en 2004, de déclarer lors d’un sondage à la mort moi le gland qu’on a peur de se retrouver SDF et de passer devant toute la misère du monde en bas de chez soi sans en avoir rien à branler. Paradoxal ? Non affreusement et terriblement humain. Tout le monde n'a pas les tripes d'être bénévole et d'aider. Simplement aider.
Oui le racisme c’est mal, la guerre ça tue et les pauvres c’est triste... Mais bon, c’est pas tout ça mais j’ai mes vacances au ski hors de prix à préparer moi...
Pascal Obispo
Jeune Premier