Michel Naud, président de l’AFIS, vient de me faire parvenir un mail qui parle, principalement, d’OGMs. D’ailleurs, je l’en remercie. Joint à ce mail, un communiqué de l’antenne nantaise (non diffusé, daté du 24 juillet) écrit suite à une manifestation anti-OGM. Etant donné que je suis dans ma période “je relève les écarts de langages”, je n’ai pas résisté à l’envie d’écrire un billet sur un des paragraphes de ce communiqué (en espérant que l’auteur ne m’en veuille pas trop).
Nous tenons donc à rappeler d’abord ce qu’est une plante génétiquement modifiée : il s’agit d’une nouvelle variété de plante obtenue par l’ajout d’un gène connu à une variété de cette plante plus ancienne pour obtenir un effet désiré. Ce procédé est complémentaire de la sélection classique. Cette dernière est basée, quant à elle, sur des mutations inconnues qui se produisent de façon aléatoire lors de la reproduction.
Le mot qui ma fait sursauter, et pourtant, vu mon apathie du moment, il en faut, est “complémentaire”. La création d’un OGM est-elle vraiment complémentaire de la sélection “classique” (grosso modo, le survival of the fittest un peu amélioré)? A mon avis, non, et pour deux raisons.
D’une part, la création d’un OGM n’est pas un mécanisme de sélection. La sélection, pour faire vite, consiste à ne maintenir que les plus “aptes” à transmettre leur patrimoine génétique, dans un contexte donné, tout en maintenant certaines caractéristiques intéressantes pour l’exploitant (puisque je suppose que l’auteur ne parle pas de sélection naturelle)
La création, en revanche, consiste à designer spécifiquement un organisme, via son patrimoine génétique, pour lui permettre d’assurer une fonction particulière dans un contexte particulier. Pas de hasard ici, pas de sélection, puisque seul le “plus apte” est finalement introduit.
D’autre part, comme le texte du communiqué le mentionne, on sait par avance (en théorie) quelle fonction on obtiendra à l’arrivée. Cette “sélection” est donc plus que dirigiste! On transforme un processus “continu” (la sélection sur n générations) en un processus “discret” (la création d’une espèce qui possède les caractéristiques recherchées).
Alors que la sélection “classique” ne fait que contourner légèrement les règles de la sélection “Darwinienne” (vous avez compris l’idée), la création d’un OGM s’en affranchit complètement.
Au regard de quoi il me semble un peu osé de parler ici de “sélection”…