La thyroïde est une glande endocrine qui produit principalement deux hormones, la T4 (tétra-iodothyronine ou thyroxine) et la T3 (triiodothyronine), lesquelles règlent le rythme auquel sont utilisés les lipides, les protéines et les hydrates de carbone par l'organisme. Cette glande de la forme d'un papillon est logée à la base du cou devant les anneaux cartilagineux de la trachée. Un hyperfonctionnement de la glande thyroïde accélère tout le métabolisme, parfois de 60 % à 100 %.
Les hormones thyroïdiennes sous contrôle
Les deux principales hormones sécrétées par la thyroïde sont la T4 (tétra-iodothyronine ou thyroxine) et la T3 ( triiodothyronine). Toutes deux comprennent le terme « iodo », l'iode étant indispensable à leur production. La quantité d'hormones produites dépend d'autres glandes. C'est l'hypothalamus qui commande à l'hypophyse de produire l'hormone TSH (pour thyroid stimulating hormone). À son tour, l'hormone TSH stimule la thyroïde à produire des hormones. On peut détecter une hypo ou une hyperactivité de la glande thyroïde en mesurant le taux de TSH dans le sang. En hypothyroïdie, le taux de TSH est élevé car l'hypophyse réagit au manque d'hormones thyroïdiennes (T4 et T3) en sécrétant davantage de TSH. Par ce moyen, l'hypophyse tente de stimuler la thyroïde à produire plus d'hormones. En situation d'hyperthyroïdie (lorsqu'il y a trop d'hormones thyroïdiennes), l'inverse se produit : le taux de TSH est bas parce que l'hypophyse tente de « calmer » la glande thyroïde.
Causes
Les causes principales
- La maladie de Basedow ou maladie de Graves (70 % à 85 % des cas). Il s'agit d'une maladie auto-immune au cours de laquelle des anticorps stimulent excessivement la thyroïde et s'attaquent parfois aux tissus situés derrière les yeux ainsi qu'à la peau des pieds et des mollets.
- Les nodules thyroïdiens. Les nodules sont des petites masses qui se forment sur la glande thyroïde, en solitaire ou en groupe. Il en existe plusieurs types (voir la fiche Nodule thyroïdien). Si un nodule produit des hormones thyroïdiennes, il arrive que cela entraîne un état d'hyperthyroïdie.
- La thyroïdite. Inflammation de la thyroïde, de nature infectieuse ou autre, causant une hyperthyroïdie durant une courte période de temps (dans ce cas, la thyroïde retrouve souvent son fonctionnement normal après quelques mois).
Autres causes
- La prise de certains médicaments. Dans ce cas, les médicaments riches en iode sont souvent en cause, comme certains hypotenseurs et médicaments pour le coeur.
- Un trouble de fonctionnement de l'hypophyse. Le mécanisme d'autorégulation de la glande thyroïde par l'hypophyse peut être déréglé (par exemple, par une tumeur de l'hypophyse), causant une production excessive d'hormones thyroïdiennes.
Complications
L'hyperthyroïdie provoque une intensification des mécanismes énergétiques. À long terme, si la situation n'est pas rétablie, une crise thyréotoxique peut survenir : la personne est alors confuse, agitée, et peut devenir comateuse. Il s'agit d'une situation qui demande des soins médicaux d'urgence. Dans une telle crise, tous les signes d'hyperthyroïdie sont réunis et se trouvent à leur paroxysme, ce qui peut entraîner des complications graves, comme des fibrillations auriculaires et de l'insuffisance cardiaque congestive.
Par ailleurs, une hyperthyroïdie non traitée augmente, à long terme, le risque d'ostéoporose en interférant avec l'absorption du calcium par les os.
Symptômes
- Des palpitations cardiaques.
- Une augmentation de la transpiration et la présence fréquente de bouffées de chaleur.
- Des tremblements.
- De l'insomnie.
- Des sautes d'humeur.
- De la nervosité.
- Des selles fréquentes.
- Une faiblesse musculaire.
- Un souffle court.
- Une perte de poids malgré un appétit normal ou même accru.
- Une diminution ou même un arrêt des menstruations chez les femmes.
- L'apparition d'un goitre à la base du cou.
- Une exophtalmie et une sensibilité aux yeux, surtout lorsqu'il y a maladie de Basedow.
Tous ces signes ne sont pas toujours présents (parfois absents ou subtils chez les personnes plus âgées) et seule une analyse sanguine montrant à la fois une baisse des taux de l'hormone TSH et une élévation des taux de l'hormone thyroïdienne T4 permettra de confirmer le diagnostic. L'apparition des symptômes énumérés ici devrait inciter à consulter un médecin afin d'obtenir un diagnostic juste.
Personnes à risque
- L'hyperthyroïdie frappe huit femmes pour un homme et, le plus souvent, se manifeste chez des personnes âgées de 20 ans à 40 ans.
- La fréquence de la maladie semble être plus élevée dans les familles chez lesquelles on a déjà diagnostiqué un cas.
Facteurs de risque
- La médecine classique ne reconnaît pas de facteur de risque précis à l'hyperthyroïdie. Dans la plupart des cas, il s'agit d'une maladie auto-immune (maladie de Basedow), dont on ne connaît pas bien la cause exacte.
- Tout de même, le naturothérapeute J.E. Pizzorno mentionne que le stress peut précipiter la maladie de Basedow, une maladie auto-immune au cours de laquelle des anticorps stimulent excessivement la thyroïde et s'attaquent parfois aux tissus situés derrière les yeux ainsi qu'à la peau des pieds et des mollets.1 Il rapporte des études où un nombre significativement élevé de personnes victimes de la maladie avait récemment vécu une situation de séparation matrimoniale particulièrement difficile ou subi la perte d'un être cher.
- Enfin, certains experts croient que la supplémentation systématique en iode, qu'on ajoute généralement au sel, pourrait faire augmenter sensiblement l'incidence chez les personnes susceptibles.10
Peut-on prévenir?
On ne dispose actuellement d’aucun moyen de prévenir l’hyperthyroïdie.
Mesures pour prévenir les complications
Se reposer suffisamment
Avoir de bonnes nuits de sommeil et faire en plus des siestes en début d'après-midi, si nécessaire.
Alimentation
- Les personnes qui ont perdu du poids ou qui se sentent affaiblies ont tout avantage à adopter un régime alimentaire riche en calories et en protéines afin de compenser les dépenses caloriques que l'hyperthyroïdie a entraînées.
- Veiller à avoir un bon apport en calcium, car l’hyperthyroïdie contribue à appauvrir les os en minéraux.
- Prendre des repas moins copieux, mais plus fréquents.
- Éviter la caféine et les aliments qui en contiennent puisqu'ils stimulent l'organisme.
- Ne pas prendre de supplément naturel d’iode ou de multivitamines qui en contienne.
- Éviter les aliments très salés et les algues marines, car ils contiennent de fortes doses d'iode, ce qui peut affecter la synthèse d'hormones thyroïdiennes. Les fruits de mer ne sont pas contre-indiqués aux personnes atteintes d’hyperthyroïdie, même s’ils contiennent un peu d’iode.
Remarque. Certains aliments rendent l'iode inutilisable par la thyroïde : c’est le cas de toutes les plantes apparentées au chou (le chou-fleur, le brocoli, le navet, le rutabaga, la moutarde et le colza), du soya, du millet, de l'arachide et de la noix de pin. Cet effet est attribuable aux isothiocyanates qu’ils renferment. Cette propriété peut sembler intéressante pour les personnes atteintes d'hyperthyroïdie. Or, la teneur de ces aliments en isothiocyanates est trop faible pour contribuer au traitement de l’hyperthyroïdie2. Il faudrait en manger des quantités démesurées pour obtenir un effet thérapeutique. De plus, la cuisson inactive les isothiocyanates.
Prévenir et soulager les problèmes oculaires
Quelques conseils pour diminuer l'irritation des yeux, fréquente chez les personnes qui ont une hyperthyroïdie auto-immune (la maladie de Basedow) :
- cesser de fumer;
- éviter le vent direct dans les yeux;
- éviter la lumière vive en portant des lunettes de soleil, puisque les yeux sont plus sensibles aux rayons ultraviolets;
- utiliser des gouttes ophtalmiques lubrifiantes au besoin;
- appliquer des compresses froides sur les yeux, pour calmer l'irritation;
- surélever la tête durant la nuit avec un coussin afin de réduire la pression dans la région oculaire.
- consulter son médecin si les symptômes demeurent incommodants.
Traitements médicaux
Il importe, en priorité, de recouvrer l'euthyroïdie, c’est-à-dire le fonctionnement normal de la thyroïde, et ce, dans les plus brefs délais afin de soulager la personne atteinte et d'éviter les complications. Le traitement aux médicaments antithyroïdiens ou à l'iode radioactif permet généralement d'atteindre cet objectif en quelques mois, selon la gravité de l’hyperthyroïdie.
En cas d’échec de ces traitements, l’ablation chirurgicale de la thyroïde est parfois envisagée.
Chacune de ces solutions comporte des avantages et des inconvénients et la personne devra bien s'informer auprès de son médecin afin de prendre la décision la mieux adaptée à son cas.
Médicaments antithyroïdiens
Ces médicaments (propylthiouracile ou méthimazole) empêchent la production de nouvelles hormones thyroïdiennes, sans causer de dommages permanents. Ils rétablissent un taux normal d'hormones après deux à quatre mois de traitement. Souvent, la médication doit être poursuivie durant au moins un an. Il arrive qu’une hyperthyroïdie se manifeste à nouveau.
Traitement à l'iode radioactif
L'iode radioactif (à de faibles taux) permet de détruire de manière permanente une partie des cellules thyroïdiennes, de sorte que la glande thyroïde produise moins d'hormones. L'iode radioactif non absorbé par la glande thyroïde sera éliminé par l'organisme en quelques jours. Le traitement permet un retour à la normale après environ six mois.
Ce traitement provoque souvent un état d’hypothyroïdie. L’hypothyroïdie se traite beaucoup plus facilement que l’hyperthyroïdie. Des hormones thyroïdiennes de synthèse sous forme de comprimés pris quotidiennement permettent de corriger l’hypothyroïdie (Eltroxin®, Levothyroid® ou Synthroid®).
Les femmes enceintes ou qui allaitent ne peuvent recevoir un tel traitement, car l'iode radioactif peut nuire au fonctionnement de la glande thyroïde du foetus ou du nouveau-né. Par ailleurs, il est recommandé à une femme en âge de procréer de ne pas devenir enceinte durant les 6 à 12 mois suivant le traitement, afin d’éviter des effets nocifs sur le foetus.
Ablation de la thyroïde
L’ablation totale ou partielle de la glande thyroïde par chirurgie (thyroïdectomie) peut être envisagée, mais on y a rarement recours.
Traitements spécifiques
Pour soulager des symptômes bien précis, d’autres médicaments sont parfois employés, au besoin. Pour soulager les palpitations cardiaques et faire baisser la fréquence cardiaque, des médicaments bêta-bloqueurs sont parfois prescrits (par exemple, le propranolol).
Les troubles oculaires qui accompagnent la maladie de Basedow, lorsqu’ils sont graves, peuvent nécessiter un traitement par des corticostéroïdes (pour diminuer l'inflammation derrière l'oeil) ou par chirurgie (pour réduire la pression sur l'oeil). À noter : il se pourrait que les fumeurs répondent moins bien à ces traitements3. D’ailleurs, il est vivement recommandé de cesser de fumer en cas de symptômes oculaires causés par la maladie de Basedow.
L’opinion de notre médecin
L’hyperthyroïdie est une maladie très incommodante parce que ses symptômes affectent beaucoup la qualité de vie. De plus, elle peut avoir des conséquences graves sur la santé, notamment sur le coeur et les os. C’est pourquoi la personne qui en souffre est habituellement dirigée vers un endocrinologue, le spécialiste de la glande thyroïde.
Si vous en êtes atteint, sachez que l’hyperthyroïdie se traite assez bien en général. La clé de la réussite est de bien suivre les recommandations de votre médecin. Cela signifie, par exemple, d’aller faire vos prises de sang au moment requis, même si celles-ci peuvent être fréquentes, de prendre vos médicaments tels que prescrits et d’aller à vos rendez-vous de suivi. De cette façon, vous tirerez le maximum de bénéfices des soins médicaux.
Dre Maryse Brassard, M.D.
Bonne journée,
Marie Claude
ref: passeport.sante