Climat : les poissons migrateurs, victimes du réchauffement climatique

Publié le 23 décembre 2008 par Benjamin Tolman
Agrandir l'image

Europe - La plupart des espèces de poissons migrateurs, effectuant leur cycle entre mer et rivière, sont aujourd’hui en danger : la distribution future de ces espèces pourrait être amenée à varier du fait du changement climatique.

 

Des scientifiques du Cemagref de Bordeaux ont réalisé une simulation de la future distribution géographique des différentes espèces de poissons migrateurs, intégrant l’élévation de la température et les changements de précipitations. Ils espèrent ainsi pouvoir prévoir la répartition de ces différentes espèces à l’horizon 2100 et identifier celles susceptibles d’être les plus affectées par le réchauffement climatique.

Ils ont tout d'abord dressé un inventaire des espèces de poissons migrateurs existant en Europe, au Moyen Orient et en Afrique du Nord. Un vaste recensement, qui a permis de couvrir la quasi-totalité de l’aire géographique des 28 espèces européennes recensées.

Les chercheurs se sont ensuite demandés de quelle façon la température limitait l’aire de distribution de ces espèces. Pour répondre à cette question, 200 bassins versants ont été étudiés afin de connaître la distribution de chaque espèce en termes de présence-absence et d’abondance. L’étude a établi un modèle de distribution pour chaque espèce à une époque où l’homme exerçait peu de pressions sur les milieux (dans les années 1900).
L’étape suivante a consisté à appliquer ces modèles de distribution dans un contexte de changement climatique, en utilisant les quatre scénarios climatiques de référence développés par le Groupement d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (Giec). L’échéance de l’étude a été fixée à l’année 2100 afin d’avoir suffisamment de recul pour mesurer une évolution significative des populations de poissons.

Sur la base d’une élévation de température comprise entre 1 et 7°C, la réponse des espèces peut être classée en trois catégories : aire de distribution en diminution, en extension ou inchangée.
De cette étude, il ressort que pour la plupart des espèces, la situation va se dégrader. Ainsi par exemple, l’éperlan ou l’omble arctique vont perdre environ 90 % de bassins versants favorables pour des gains réduits ou nuls. Seuls deux espèces, le mulet porc et l’alose feinte, pourront  s’étendre vers le nord, au-delà de leur aire de répartition initiale. Enfin, conformément aux prévisions, les bassins versants du sud risquent de perdre la plupart de leurs espèces. Serait-ce une opportunité pour des poissons migrateurs plus exotiques ? Les chercheurs sont très réservés, voire pessimistes à ce propos, car peu de ces espèces longent les côtes de l’ouest africain faute de cours d’eau permanents pour les héberger.