D’abord, l’attitude pour le moins discrète des responsables du PS. La première secrétaire du parti, Martine Aubry, ne s’est toujours pas exprimée sur le sujet. Officiellement, elle n’a “aucun commentaire à faire”. Son conseiller politique, François Lamy, député de l’Essonne comme Julien Dray, botte en touche : “Une enquête préliminaire est en cours. On attend de connaître la suite.” Julien Dray, proche de Ségolène Royal, regrette d’ailleurs de ne pas avoir reçu de marque de soutien de la maire de Lille: “ Le devoir d’un premier secrétaire dans ces moments-là, c’est au moins d’essayer de prendre contact“. Les propos de Bruno Julliard, qui fait partie de l’équipe de Martine Aubry en tant que secrétaire national à l’Education, sont également évocateurs : “C’est une affaire qui ne concerne pas le Parti socialiste, c’est une affaire privée qui concerne Julien Dray.” Outre le fait que c’est complètement faux, on fait guère mieux en matière de lâchage : au passage pas un mot de Ségolène !
La défense sur la forme vient également du côté de l’UMP. Frédéric Lefebvre a dénoncé un “déchaînement” : “la présomption d’innocence, ça compte. Il n’est pas très agréable de voir ce déchaînement aujourd’hui sur Julien Dray alors même que personne ne connaît la réalité et que des juges font leur travail“. Certains se gausseront à tort, pourquoi là encore instruire un procès d’intention? Ce que dit Lefebvre est parfaitement juste. Ce minimum aurait pu venir du PS.
Troublant également, l’origine des « fuites » en direction de la presse. En effet Julien Dray n’est même pas cité par le parquet, ni désigné par Tracfin; « l’affaire » n’est connue du grand public que parce que les perquisitions au domicile et dans les bureaux de Julien Dray ont été révélées. Rien qu’en évoquant ces fuites, on entre également d’ailleurs dans le roman, l’irrationnel ou la calomnie : des barbouzes ? des amis qui vous veulent du bien ? des opposants politiques ? des opposants internes au même parti ? J’en passe et des meilleures … Un roman dans le roman ! Pourtant, un dernier point m’apparaît évident : presque personne n’évoque tout simplement l’incompétence, l’amateurisme et le sentiment d’être “protégé”. Si cette “affaire” pouvait seulement faire reculer cette notion d’impunité fortement ancrée chez les politiques, elle servirait à quelque chose. Ne resterait que l’incompétence … dont il est toujours utile de déceler les prémices chez un responsable potentiel.
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