Comment taire plus longtemps l’existence d’un tel groupe ? C’est toujours la copie rendue que l’on se rend compte de ce que l’on a oublié. Bodies Of Water pour certains, The Wave Pictures pour moi, qui à mon humble avis méritait largement d’être cité au moins une fois. Certes ce trio anglais de Wymeswold n’invente rien, ou si peu, mais l’heure de musique déversée par ce véritable premier album (le six ou septième si l’on compte les Cd-r distribués ici ou là) est tout bonnement parfaite. Présenté comme un disque de folk à la Stanley Brinks (avec qui ils partagent une forte amitié, tout comme avec Coming Soon ou Jeffrey Lewis), Instant coffee baby est pourtant en ce qui me concerne un pur album de brit pop simple et addictive. Et quand je dis simple, je ne parle pas des compositions ni des textes, nous y reviendrons, je parle plutôt d’une certaine simplicité lo-fi à l’enregistrement (live d’ailleurs) qui il est vrai peut évoquer la fratrie Herman Düne époque Not on top, notamment sur le titre éponyme, "Friday night in Loughroubgh" et "I remembered". Pour ces deux-là, le rythme entraînant, les lalala lala et autres chœurs rappellent effectivement le style folkeux. Pour le reste, ça n’est pas si simple.
Groupe vieux de dix ans déjà emmené par le génial Dave Tattersall à la voix légèrement nasale si particulière, les Wave Pictures anciennement Blind Summit comptent également dans leurs rangs Franic Rozychki et Jonny Helm. Libre comme l’air, le trio joue de l’acoustique comme si c’était de l’électrique, avec un romantisme anglais affriolant et profond, immanquable sur "Avocado baby" ou sur le hit "Just like a drummer" qui affiche une science du break, du rythme et du mouvement à toute épreuve. Alliés à des chœurs qui se transforment en harmonies vocales, ces effets en font un classique instantané. Cela me ramène aux structures, assez simples finalement, généralement constituées d’une intro, d’un solo de guitare, et d’un final en chœur, entre potes. Schéma rassurant et traditionnel rarement perturbé par une ou deux ballades late 50’s / early 60’s comme "Red wine teeth" ou "January and December", tout en arpèges ensoleillés, encore que "Cassius Clay", le titre clôturant l’album, remporte haut la main la palme de cette catégorie.
L’autre force encore non évoquée de cet album et de ce groupe en général, contrairement à bon nombre de leurs contemporains, c’est l’immense qualité des textes, débordants d’humour et d’imagination, et plutôt facilement compréhensibles pour les semi-anglophones. Dans "Stange fruit for David", David justement, dans un pont mélodique indescriptible assassine l’auditeur par son riff et ses paroles imagées : "A statue is a statue, and marmelade is marmelade, but a statue of marmelade is still a statue". Moi ça m’éclate, surtout avec ce changement de rythme si précieux soutenu par de si jolis violons. En fait du premier riff de "Leave the scene behind" en passant par l’intro ukulélé de "Kiss me", tout est inspiré et cohérent. Entre les deux, vous trouverez des soli de guitares (sur quasiment tous les titres), un solo de saxo (sur "I love you like a madman"), un calypso asséné par une guitare surf (sur "We come alive"), des refrains, des chœurs, des mélodies, des claps, j’en passe et des meilleurs. Le label Moshi Moshi tente pour le coup de relancer l’un des secrets le mieux gardé de la perfide Albion comme on dit, et là cela semble vraiment être le cas. En toute objectivité, je n’avais pas ressenti ça depuis Adam Green, Jonathan Richman, Suede et autres Smiths, c’est peu dire.
En bref : Treize titres de brit pop parfaite sans aucune fausse note. C’est possible de modifier son classement 2008 ?
Le site officiel et le Myspace
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Le clip de "Just a drummer" et le concert à emporter de "We dress up like snowmen" :
The Wave Pictures - January and December
par lablogotheque