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Acharnement muséologique

Publié le 22 décembre 2008 par Alain Hubler

Entrée du Musée des beaux-artsMoins d’un mois après la votation populaire sur le projet de nouveau Musée des beaux-arts au bord du lac à Bellerive, Yvette Jaggi revient sur les causes de son refus par le peuple.

Parallèlement, l’Institut M.I.S. Trend publie les résultats d’une enquête portant les raisons qui ont poussé les Vaudois Lausannois à refuser le projet Ying-Yang.

Selon le sondage, la cause principale de refus est la localisation du musée sur les bords du lac. Il semblerait même que les sondés préfèrent un musée au centre ville et plus particulièrement à Rumine.

Voilà qui est intéressant, car ces résultats corroborent assez exactement les raisons mises en avant par le comité référendaire «Pas au bord du lac».

Ce qui est encore plus intéressant, c’est l’analyse que l’ancienne Syndique de Lausanne fait de cet échec. Une analyse que 24 Heures publie sur la même page et dont il fait sa «Une» et son «Point fort».

En exergue, Yvette Jaggi affirme «Une copie conforme au projet de Bellerive serait mortelle.» On ne peut que lui donner raison, mais pouvait-elle dire autre chose ? Bien évidemment non, mais – car il y a un «mais» – elle n’en est pas très loin.

C’est en tout cas le sentiment que suscite son affirmation selon laquelle le projet de Bellerive réunissait, «coïncidence rare» – sous-entendu qui ne se renouvellera peut-être pas ou plus – toutes les missions d’un tel musée : missions de conservation, de recherche, d’éducation, de divertissement et économique.

Un peu plus loin, la présidente de la fondation suisse pour la culture Pro Helvetia, avance que «Peut-être que l’emplacement n’était pas fédérateur. Mais un objet culturel, on le rend fédérateur.» Pourquoi ce «peut-être» ? Ce projet n’était pas fédérateur, qu’on se le dise ! Et que signifie ce «on le rend fédérateur» ?

La réponse se trouve quelques lignes plus avant : «Je suis persuadée que seule la conviction emporte la conviction.» Que faut-il comprendre par là ? Qu’il aurait été possible de faire avaler la pilule aux Vaudois si le comité pro Bellerive avait trouvé l’oiseau rare capable de leur faire prendre des vessies pour des lanternes ? Que l’échec est une question de forme et pas de fond ?

Je m’interroge et je trouve un élément de réponse un peu plus loin, lorsque Mme Jaggi s’exprime sur la question de savoir qui doit piloter un nouveau projet : «Il faut que quelqu’un l’incarne, et que cela se sache, se perçoive. Il faut communiquer du fond de l’âme.»

On ne parle plus de musée, ni de culture, on ne parle de communication. Tout est question d’emballage et de mise en scène. De la pure technique de vente. La même que celle utilisée par une célèbre marque de machine à laver qui tente d’incarner ses produits au travers d’une ancienne joueuse de tennis.

Et moi qui croyais naïvement que pour faire aboutir un projet et pour le vendre (!), il fallait qu’il soit bon. Pas excellent, simplement et modestement bon !

Pour la fin de son interview, l’ancienne magistrate socialiste résume cette technique de vente en une phrase qui en dit long : «Pour mener à bien certains projets, il faut de la conviction, de la sincérité, mais aussi de la ruse et du culot.»

Elle a juste oublié les moyens, qui n’ont d’ailleurs pas manqué, à moins qu’ils soient l’expression actuelle de la conviction et de la sincérité. Quant à la ruse, il semble probable que les Vaudois soient assez malins pour la déjouer. Une aptitude dont il faudra tenir compte la prochaine fois.

  • Crédit photographique : Musée des beaux-arts de l’Etat de Vaud.
  

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