"Celui-là, c'est Pataud, et c'est une urgence...", affirme Fabienne Mogue, dont la "Clinique des poupées", à Bordeaux, rafistole, répare, repeint, recoud ou simplement rhabille les poupées, nounours, baigneurs et autres "doudous" abîmés par les ans.
La "médecin des doudous", vêtue comme il se doit d'une blouse blanche, n'a que quelques jours, d'ici Noël, pour restaurer "Pataud", nounours ayant "bien besoin d'être rafraîchi" avant de retourner câliner sa propriétaire de 10 ans.
Certains "patients" sont encore jeunes comme cette poupée Corolle, qui n'a besoin que de quelques points de colle et d'un peu de couture pour devenir le cadeau d'une maman nostalgique à sa fille. Mais d'autres sont plus âgés, comme cette poupée Jumeau de 1907 - d'une valeur de 7.000 euros environ - dont la tête en porcelaine fissurée nécessite une sérieuse retouche de maquillage.
"Techniquement, le plus difficile, c'est la réparation des yeux mobiles sur une tête en porcelaine, munis d'un plomb pour les faire bouger. C'est très minutieux, il faut être de bonne humeur...", sourit Fabienne Mogue.
Etre "médecin des doudous", profession exercée selon elle par "une dizaine" d'artisans en France, nécessite des savoirs complémentaires telles la technique de la porcelaine, la couture, la peinture ou la fabrication de moules.
Mais elle requiert surtout, selon la restauratrice bordelaise, le désir d'accompagner la démarche des propriétaires, très attachés à des poupées ou des baigneurs précieusement conservés depuis leur enfance.
"Les gens ont une relation très affective avec leurs poupées. Ils me les confient en me disant: +voici Bernard+, ou +voici Michel+. Je ne travaille que sur rendez-vous pour avoir le temps de discuter avec eux et bien leur expliquer ce que je vais faire", souligne-t-elle, pas mécontente de jouer aussi le rôle de psychologue auprès d'enfants devenus parents voire grands-parents.
Financièrement, la sexagénaire se dit "prête à aller assez loin pour le faire réparer".
Certaines réparations peuvent en effet prendre plusieurs mois et coûter plus cher que la poupée elle-même, confirme Fabienne Mogue, qui sait que certains souvenirs n'ont pas de prix.
AFP