La "clinique" pour les poupées, nounours et autres "doudous"!

Publié le 22 décembre 2008 par Chantal Doumont

A Bordeaux, une "clinique" pour les poupées, nounours et autres "doudous"!

"Celui-là, c'est Pataud, et c'est une urgence...", affirme Fabienne Mogue, dont la "Clinique des poupées", à Bordeaux, rafistole, répare, repeint, recoud ou simplement rhabille les poupées, nounours, baigneurs et autres "doudous" abîmés par les ans.

La "médecin des doudous", vêtue comme il se doit d'une blouse blanche, n'a que quelques jours, d'ici Noël, pour restaurer "Pataud", nounours ayant "bien besoin d'être rafraîchi" avant de retourner câliner sa propriétaire de 10 ans.

A la "Clinique des poupées", ouverte depuis 8 mois à Bordeaux, s'entassent sur les étagères des poupées en porcelaine au maquillage écaillé, à la perruque absente, aux membres disloqués; des nounours en peluche à un bras, au pelage râpé, aux yeux arrachés; des baigneurs en celluloïd au crâne troué, aux jambes brisées; un automate en convalescence qui attend ses habits.

Certains "patients" sont encore jeunes comme cette poupée Corolle, qui n'a besoin que de quelques points de colle et d'un peu de couture pour devenir le cadeau d'une maman nostalgique à sa fille. Mais d'autres sont plus âgés, comme cette poupée Jumeau de 1907 - d'une valeur de 7.000 euros environ - dont la tête en porcelaine fissurée nécessite une sérieuse retouche de maquillage.

"Techniquement, le plus difficile, c'est la réparation des yeux mobiles sur une tête en porcelaine, munis d'un plomb pour les faire bouger. C'est très minutieux, il faut être de bonne humeur...", sourit Fabienne Mogue.

Etre "médecin des doudous", profession exercée selon elle par "une dizaine" d'artisans en France, nécessite des savoirs complémentaires telles la technique de la porcelaine, la couture, la peinture ou la fabrication de moules.

Mais elle requiert surtout, selon la restauratrice bordelaise, le désir d'accompagner la démarche des propriétaires, très attachés à des poupées ou des baigneurs précieusement conservés depuis leur enfance.

"Les gens ont une relation très affective avec leurs poupées. Ils me les confient en me disant: +voici Bernard+, ou +voici Michel+. Je ne travaille que sur rendez-vous pour avoir le temps de discuter avec eux et bien leur expliquer ce que je vais faire", souligne-t-elle, pas mécontente de jouer aussi le rôle de psychologue auprès d'enfants devenus parents voire grands-parents.

Colette Taris, Bordelaise de 63 ans dont le baigneur a été admis ces jours-ci dans un état critique à la "Clinique", raconte: "Je l'ai depuis plus de cinquante ans. Mais mon chat l'a fait tombé récemment, il a eu le visage fracassé. Mon mari s'en serait bien débarrassé, mais pour moi, il a une grande valeur sentimentale. J'aurais vraiment beaucoup de mal à m'en séparer..."

Financièrement, la sexagénaire se dit "prête à aller assez loin pour le faire réparer".

Certaines réparations peuvent en effet prendre plusieurs mois et coûter plus cher que la poupée elle-même, confirme Fabienne Mogue, qui sait que certains souvenirs n'ont pas de prix.

AFP