Un deuxième chapitre de la vie de Hank Moody s’est achevé sur Showtime.
Avant d’entamer le troisième, le plus New-Yorkais des Californiens a su redevenir le puéril et pourtant sensé comme on l’a aimé, ce, dès ses débuts sur la nouvelle chaîne en puissance.
Cette saison ne se départage pas vraiment de la trame choisie pour la saison 1 : le caractère difficile de Hank et son amour pour Karen et sa fille. Même si elle est doublée de sa soudaine amitié avec Lew Ashby, producteur, et son nouveau bouquin, est-ce que ça suffit vraiment pour en faire une deuxième saison pleine de surprises?
Malheureusement, elle reste pleine de points prévisibles et de clichés. Des scènes ennuyeuses en milieu de saison, des scènes risibles un peu partout (la mort de Kurt Cobain franchement mal exploitée m’a carrément mise mal à l’aise)…
Si l’attribut masculin de Hank reste quelque-part dans toute cette agitation, on en montre quand même moins les célèbres actions et autre tergiversation. Et c’est pas drôle. On aime l’attribut de Hank! Plus vraiment de quoi le comparer à un Bukowski des temps modernes. Oh, il pourrait toujours employer 2 ou 3 gros mots à chaque phrases, mais quand même, il manque quelque-chose.
Les plus belles scènes appartiennent à Karen et Becca. Mia, elle, est peu présente, voire effacée.
Hank, lui, doit rester fidèle à lui-même, car après tout, c’est ce qu’on attend de lui… De foirage en soupirs nihilistes, Hank restera Hank jusqu’au bout. Des clopes allumées comme un haussement de sourcil, des vagins entretenus comme autant de preuves de son caractère détonnant.
Reste bien-sûr que Californication reste une des séries les mieux finement écrites, au-moins dans la répartie et la psychologie des personnages. Petit aparté : oublions un peu les commentaires de spectateurs -trices, surtout- qui trouvent la série anti-féministe, machiste, et queutarde. Oublions les détracteurs de ces commentateurs -trices- qui disent qu’au contraire, la série défend le droit des femmes et font des hommes de petites quéquéttes perdues dans la nature qui tentent de se faire aimer de leurs alter-egos. Pour moi, elle n’est juste ni l’un, ni l’autre. Si c’était le cas, l’écriture devrait viser l’un des sexes plutôt que l’autre, et franchement, j’en doute. Une femme peut apprécier Bukowski et ses cons toutes les trois lignes. Juste parce que l’écriture reste sublime et sublimée par la lecture. Californication possède certains des plus beaux dialogues de l’histoire télévisuelles, et quand bien même ils tournent souvent autour du sexe… what’s the fuck? point? Cette écriture n’est ni gratuite, ni machiste, ni féministe. Elle est juste… bonne bien vue, comme un point de vue hors de votre temps et de votre espace. Que diable, laissons-nous aller.
Bref, si l’histoire de cette saison 2 tourne légèrement en rond et nous ennuie parfois, les dialogues et les comiques de situation restent de délicieux moments.
Et je m’interroge. Tout ce qui aurait pu faire bouger la trame de Californication comme un tremblement de terre -Lew Ashby, la grossesse de Sonja, la promotion d’un bouquin “volé basé sur la relation d’un homme avec une mineure” par Mia- disparaît en un clin d’oeil dans [voire avant dans le cas de Lew] le season finale. Lew meurt, comme on s’y attendait, Sonja a couché avec un Lenny Kravitz serveur. Hank reste le survivant, père d’une enfant unique. Okay. Hum? Sonja n’aurait donc servi qu’à faire rompre Karen et son chouchou au début de la saison pour ne pas bousculer le spectateur en manque de cul Moodien? Okay… Okay. Personne, mis à part les mêmes que dans la saison 1 (les deux intéressés et Charlie) ou des futurs morts (Lew) ne sait qui se trouve vraiment derrière (ou devant, au choix) l’histoire de Mia.
Et espérons que la troisième saison ramène un peu de dialogues savoureux entre Charlie et Marcy.
Enfin, le départ de Karen -seule, le vieux cliffhanger de début d’épisode est légèrement prévisible, après tout, la série ne pourra pas changer de nom pour Newyorkation, personne n’a encore écrit une telle chanson, que je sache- est à double tranchant pour mon petit coeur. D’un côté, un départ prolongé de la superbe et douée Natasha McElhone me briserait le coeur. Rien ne nouveau là-dessus sur la toile ; vrai, elle a eu une année difficile avec la perte de son époux en début d’année (mai 2008) et son accouchement dernièrement en tant que veuve, et a peut-être besoin de repos ; actrice de cinéma depuis longtemps (Solaris, The Truman Show) elle a plusieurs projets en ce moment. De l’autre côté, un départ plus ou moins long de Karen pourrait apporter un peu de fraîcheur à la série.
Pourquoi j’en doute, alors? M’étonnerait qu’ils laissent le personnage se détâcher de sa fille comme ça. Bref, on verra.
Chose inutile mais étrange : la série se termine exactement sur les mêmes mots que le season finale de Dexter. Life is good. Et si Showtime était la plus optimiste des chaînes?
Bref. On passe par des creux, on serpente parmis un espace-temps acceléré, mais reste une série superbement écrite. Je lui donne rendez-vous l’année prochaine. Un chapitre du livre est tourné.
And the sky is greyyy.
californication