la fin de la discrimination positive ?

Publié le 22 décembre 2008 par Polluxe

Simone Veil vient de renvoyer Sarkozy dans ses 22 ! Et c'est heureux !
Une commission qu'elle présidait et qui avait été chargée par Sarkozy de rédiger un nouveau préambule intégrant la notion de " diversité " vient de refuser de le faire, maintenant ainsi le principe d'égalité et rejetant la discrimination positive - car dans l'expression " la diversité " , la dimension ethnique est bien sûr sous-entendue mais chut ! on n'ose pas le dire et c'est là une figure de style répandue qui consiste à gommer l'adjectif pourtant essentiel.

La commission estime que la constitution actuelle suffit à garantir l'égalité tandis que la discrimination positive est illégitime et potentiellement dangereuse :

" Dans leur rapport remis mercredi matin au président, les membres de la commission rappellent que les politiques de réparation basées sur la race, comme l' affirmative action, se sont développées dans les pays où la ségrégation était historiquement inscrite dans la loi, ce qui n'est pas le cas en France. Le rapport souligne le paradoxe à s'engager aujourd'hui dans la voie de la discrimination positive à l'heure où elle marque clairement le pas aux États-Unis. D'autant qu'il apparaît impossible d'élaborer un système de critères acceptable des "origines", familiales ou plus généralement biographiques, notamment dans un pays de fort métissage. Enfin, ils craignent un affaiblissement du "vivre-ensemble", voire une montée des tensions entre communautés. Pour autant, la Commission ne nie pas la nécessité d'agir pour l'égalité, mais estime que l'actuelle Constitution le permet, n'empêchant pas la mise en œuvre d'aides spécifiques pour les jeunes, les personnes handicapées, âgées ou issues de quartier défavorisés. Tout comme elle affirme que les statistiques actuellement autorisées, portant sur le nom, l'origine géographique, la nationalité ou le ressenti d'appartenance permettent d'appréhender les discriminations. " (Le Figaro, 17-12-2008 )

On ne saurait être plus clair. Sarkozy s'est donc rabattu sur la seule discrimination positive acceptable, celle qui se base sur des critères sociaux (mesures en faveur des boursiers dans les classes préparatoires aux grandes écoles par ex.), celle qui est d'ailleurs prônée par celui que les mouvements favorables à la discrimination positive en France mettent en avant, faisant ainsi un contre-sens total, à savoir Obama...
En outre, rester dans le cadre de l'égalité permet de lutter contre toutes les discriminations, car il n'y a pas que l'origine ethnique, il y a aussi l'âge, première forme de discrimination, le genre, le handicap, la sexualité, l'obésité, l'aspect physique... Ou serait-ce alors que certaines discriminations seraient plus acceptables que d'autres ?
Vouloir des quotas de noirs à l'assemblée nationale n'est pas différent de vouloir plus de blancs dans l'équipe nationale de foot, ce qui a valu à Georges Frêche les hauts cris des associations anti-racisme. Comme le dit très justement Caroline Fourest :

" C'est l'un des effets pervers d'une approche qui confond la diversité comme moyen d'accéder à l'égalité avec un objectif en soi. En politique, cela revient à ne plus se préoccuper de lever les obstacles sur la route individuelle des candidats hors norme pour qu'ils puissent incarner - comme les autres - la France (logique d'égalité). Mais à les charger au contraire d'incarner une minorité au sein de la nation, comme s'ils étaient l'ingrédient d'un cocktail exotique (logique de la diversité).
[...] Dans le cas des discriminations racistes, le débat ne se situe pas entre immobilistes et volontaristes, mais entre partisans d'un volontarisme universaliste et partisan d'un volontarisme différentialiste. Preuve que la première voie est possible, le président de la République vient de proposer toute une série de mesures permettant de lutter contre les discriminations de façon énergique et ambitieuse sans générer d'effets pervers sur les identités. "

En tous cas merci à Mme Veil de veiller et d'empêcher le petit Nicolas de faire des conneries.
Pourvu que ça dure !