J’ai hésité à parler du film Les Plages d’Agnès dans ce blog. Il y a tant d’articles, d’interviews partout. Même si l’émotion rend muette - et c’est ce qui m’est arrivé après l’avoir visionné mercredi dernier dans une salle presque vide à Utopia -, j’ai à présent retrouvé ma voix et mes esprits pour un peu en parler ici.
D’abord, à tous ceux qui disent que ce genre de film est nombriliste, je voudrais leur répondre qu’ils n’ont rien compris, qu’à quatre-vingts “balais” (comme elle dit) se raconter quand on a fait autant avec simplicité, sincérité et talent, il n’y pas de quoi se cacher. Elle parle d’elle, certes, mais tellement des autres comme personne ne pourrait le faire. Elle parle de nous aussi, à travers elle.
De l’émotion, il y en a dans ce film. Il y a bien sûr le moment où elle évoque ses (nos, aussi !) chers disparus. Quand on arrive à 80 ans, on a laissé du monde sur les bas côtés du chemin. Ils font toujours partie d’elle, comme de nous d’ailleurs. Ces absents, lors de l’exposition qui avait eu lieu à Avignon en 2007, elle les évoque dans le film. Mais, l’émotion est ailleurs, parfois impalpable dans son essence. Par exemple, dans la scène du début où elle installe des miroirs sur une plage belge, ce jeu entre la plage, la mer, la lisière, la mise en abîme, tout cela nous fait chavirer dans un vertige où la frontière s’abolit entre le réel et l’imaginaire, vertige à la fois doux et angoissant que nous connaissons tous. Je dis “tous” car lorsque les larmes sont montées à cet instant précis du film, je me suis dite que mon admiration et la la tendresse que j’éprouve pour elle, ne me rendent pas objective. Cependant, en en parlant autour de moi, des fans mais aussi des moins fans ont ressenti le même bouleversement à cet instant. L’Art, c’est ça, non ?
Je retourne voir le film le 26 décembre car Agnès Varda sera là. Oserai-je lui dire enfin combien elle est importante pour moi ?
Hier, à 17h30, a été diffusé ma première fiction mise en onde par France-Cul. Il est possible de l’écouter encore ici. Très angoissée avant la diffusion car je ne l’avais pas entendue, j’ai été vraiment surprise agréablement par la mise en ondes de Myron Meerson. “Agréablement” n’est pas le mot qui convient. La dynamique qu’il insuffle au texte ne peu que me réjouir. les voix, les accents donnent un relief particulier qui va au-delà de ce que j’avais pu imaginer. La chanson de Dutronc au générique de fin est la cerise sur le gâteau. La petite Anna, révoltée devant tant d’injustice, change le cours des choses et la marche du monde. Mais ce n’est qu’une histoire. comme dit Frédérika, Joyeux Léon à tous !