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La police iranienne ferme les bureaux du Prix Nobel de la Paix.

Publié le 22 décembre 2008 par Delphineminoui1974

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(photo : Shirin Ebadi parle aux journalistes à la sortie de son bureau. Crédit photo : AP)

C'était un des rares derniers bastions de la résistance démocratique iranienne. En fermant, hier, les locaux du Cercle des défenseurs des droits de l'Homme, dirigé par le Prix Nobel de la Paix, Shirin Ebadi, la police a frappé fort. « C'est un nouveau signe du durcissement du régime », confie, sous couvert de l'anonymat une militante contacté sur place.

Interrogée par l'AFP, Narguess Mohammadi, la vice-Président de l'association, a expliqué que les policiers étaient entrés dans les locaux sans mandat judiciaire, après avoir bouclé le quartier. Ils auraient alors sommé les personnes présentes sur place d'évacuer les lieux au plus vite.

Le moment choisi est tristement symbolique. Cette perquisition est survenue le jour même où les membres du Cercle, tous bénévoles, s'apprêtaient à organiser une cérémonie visant à commémorer le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme.

 Fondé en 2004 par un groupe d'avocats, dont Shirin Ebadi, lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2003, cette association s'est donné pour objectif de défendre gratuitement les étudiants et opposants en prise avec la justice conservatrice iranienne.

Depuis, le Cercle publie régulièrement des rapports faisant l'état des lieux des atteintes régulières aux Droits de l'homme. Ces derniers mois, il avait mis l'accent sur une détérioration de la situation, en s'inquiétant plus particulièrement de la multiplication des peines capitales, notamment contre les mineurs ayant commis un crime avant l'âge de 18 ans.


Le Cercle a également critiqué début novembre le nouveau code pénal iranien qui ignore, selon ses membres, les droits des femmes et se fonde sur une interprétation « incorrecte » de l'islam. De quoi agacer les autorités en place.


« La fermeture de nos bureaux sans ordre judiciaire est un acte illégal et nous allons protester », s'est empressé de déclarer, hier, à l'AFP Shirin Ebadi, qui se trouvait dans les locaux au moment de l'intervention policière.


Sera-t-elle entendue ? Cette avocate de choc, fervente militante démocratique, a vu sa marge de manœuvre se réduire comme une peau de chagrin au fil de ces dernières années. Acclamée pour son courage sur la scène internationale, elle sait qu'elle marche sur un véritable terrain miné dans son propre pays. Son courage et son franc parler lui ont déjà valu, à plusieurs reprises, des menaces de mort. En avril dernier, un de ses ennemis de l'ombre lui conseilla ouvertement de « tenir sa langue ».


Elle n'est malheureusement pas la seule à se retrouver dans l'œil du cyclone. Ces derniers mois, plusieurs militantes féministes, membres d'une vaste campagne réclamant l'égalité des droits entre hommes et femmes, se sont retrouvées derrière les barreaux pour avoir distribué des fascicules et organisé des réunions semi clandestines. 


Le 10 décembre dernier, une autre avocate dévouée à la cause des droits de l'homme, Nasrine Sotoudeh, avait été empêchée par les autorités de se rendre un Italie pour y recevoir le prix d'une ONG italienne. Son passeport lui a été retiré et elle fait l'objet, comme de nombreux autres activistes iraniens, d'une interdiction de sortie du territoire.


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