Une année musicale ne serait pas ce qu’elle est sans quelques grosses têtes d’affiche tirant derrière elles de petits wagons indés prompts à leur prendre la place dans un avenir plus ou moins proche. Comme dans le 7ème art, les « Blockbusters » sont là pour attirer du monde etpourquoi pas les amener à s’intéresser à des choses plus « underground ». Ils sont aussi là pour que certains s’en mettent plein les fouilles, on est bien d’accord. Toujours comme au cinéma, qui dit blockbuster, ne dit pas forcément « gros navet décérébré ». Bon ok, souvent, je te l’accorde le jeune mais pas toujours.
Prenons au hasard l’année 2008 (ça tombe bien me direz-vous, c’est le sujet du post), quels sont les « blockbusters » annoncés qui ont fait les choux-gras de nos canards, blogs et autres webzines préférés. Difficile de ne pas parler en premier lieu du “Third” de Portishead, il faut dire que les fans l’attendaient depuis plus d’une génération (11 ans !!). Le trio de Bristol, toujours emmené par Beth Gibbons et Geoff Barrow, a donc finalement créé l’évènement en mettant de nouveau ses tripes(hop) à nues sur les 11 titres de son nouvel opus. J’avoue que contrairement aux précédents, celui-ci m’a plutôt laissé froid, hormis en de rares occasions (Machine Gun ; The Rip).
Absents depuis un peu moins longtemps (6 ans) mais tout aussi attendus, les Allemands de The Notwist ont également fait l’actualité avec “The Devil, You + Me”, le très attendu successeur du superbe “Neon Golden”. Passé la mauvaise première impression, l’album s’est finalement révélé plutôt réussi, rehaussé par une performance live de haute volée à la Route du Rock de St Malo. C’est également par le live que les Islandais de Sigur Rós ont regagné mes faveurs après la relative déception de leur “Med sud i eyrum vid spilum endalaust”. Les Islandais explorent de nouveaux territoires et connaissant leur talent, il y à de fortes chances pour qu’ils fassent de nouveau mouche à l’avenir.
2008 aura donc sonné officiellement le glas de l’hydre texane à 2 têtes, Okkervil River/Shearwater. Jonathan Meiburg et Will Sheff, les 2 songwriters hors pair aux egos devenus trop gros pour cohabiter au sein du même groupe, se sont donc partagés leur progéniture. Okkervil River pour Sheff, Shearwater pour Meiburg. Toujours aussi prolifique, Okkervil River a sorti son 3ème album en 4 ans, recueil de chutes de “The Stage Names” sorti l’an passé. L’album regorge comme toujours de quelques pépites folk (Lost coastlines ; Starry stairs) mais dans le « duel » à distance que ce sont livrés les 2 texans, c’est bel et bien Meiburg qui gagne par 1 K et 2 O. “Rook” est l’un de plus beaux albums de l’année, il n’y à pas grand-chose à redire à ça…même si je reste affectueusement plus attaché au précédent “Palo Santo”, mon album de l’année 2006, qui m’avait fait découvrir le groupe et sa discographie.
Parmi les albums les plus attendus de l’année, “At Mount Zoomer” des géniaux Wolf Parade ne donnait pas sa part au chien, c’est bien là tout le problême. Comment ne serait ce qu’égaler un chef d’œuvre comme « Apologies to The Queen Mary » (mon album de l’année 2005), premier opus des Montréalais n’ayant pas eu la reconnaissance qu’il méritait. La réponse et simple en ce qui me concerne : impossible. Pourtant “At Mount Zoomer” ne manque pas de qualités (Language City ;Call It a Ritual ; Kissing The Beehive…) mais la déception, certes relative, fût au rendez-vous. Puisqu’on est au rayon déception, la palme revient sans hésitation au “Saturdays = Youth” de M83. Antony Gonzalez semble de moins en moins inspiré depuis le départ de Nicolas Fromageau, son compère des débuts au sein du duo antibois. Hormis en de très rares occasions (Graveyard Girl ; Kim and Jessie), le 4ème album de M83 enfonce un peu plus ce groupe dans une junk food pop qui plaît visiblement aux américains mais commence à me laisser sur ma faim.
Chouchou des médias depuis leurs débuts en 2004, les Américains de TV on The Radio ont confirmé que leur renommée était tout sauf un quelconque hasard ou de la « discrimination positive » chère à notre président. “Dear Science” est probablement l’album le plus abordable des New-Yorkais, le plus homogène aussi. Pas de titres à tomber par terre comme avait pu l’être Staring At The Sun et Wolf Like Me en leur temps mais le savoir-faire de Dave Sittek et Tunde Adebimpe atteint une fois de plus sa cible. Prolifiques parmi les prolifiques, Ben Gibbard et Chris Walla, les 2 têtes pensantes de Death Cab for Cutie, ont trouvé un moment dans leur agenda surchargé afin de donner vie à un nouveau rejeton de leur projet majeur. Plus sombre et plus introspectif que ses prédécesseurs, “Narrow Stairs” est une réponse cinglante à ceux qui avaient rangé un peu vite DCFC dans la case « pop commerciale », en témoigne le single I Will Possess Your Heart long de plus de 8 minutes, un vrai casse-tête pour les radios.
A noter également le retour de Weezer qui continue de faire varier le prisme des couleurs avec son “Red Album”, l’électro-nerd “Made in the Dark” de Hotchip ou Bloc Party, annonçant à la surprise générale la sortie de leur troisième album, “Intimacy”, qui plus est au format numérique, devançant le support physique de quelques semaines.
En cadeau, quelques uns des meilleurs titres de 2008 à télécharger pour ceux qui seraient passés à côté ou seraient partis habiter sur une autre planète :
- Wolf Parade - Language City
- Death Cab For Cutie - Bixby Canyon Bridge
- Hot Chip - Ready For The Floor
- M83 - Kim and Jessie
- Okkervil River - Starry Stairs
- Portishead - The Rip
- Shearwater - Rooks
- Sigur Ros - Gobbledigook
- The Notwist - Boneless
- TV on The Radio - DLZ
- Weezer - Pork and Beans
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