8h27. Bientôt la trêve des confiseurs, et après ?
Je laisse émerger un bout de nez de la couette, juste pour sentir et ressentir les formes sombres qui se profilent. L’an 2009 va-t-il donc nous péter à la gueule, deux cent vingt ans après les grondements révolutionnaires de nos aïeux ? Ça couve… Un signe, un seul, si j’avais à choisir : la virulence, que dis-je, la rage qui imprègne les commentaires d’articles sur Internet. Fossoyer, sans distinction, avant de guerroyer, peut-être…
Contre l’Union européenne dans son dernier acte, le plus ambitieux, jusqu’à prêter à la feue Constitution les plus invraisemblables travers. Débat passionnant ? Passionné, oui, jusqu’à la défécation argumentative. Le nationalisme social des ténors du Non, de l’extrême droite à l’extrême gauche, a caressé dans le sens du poil hérissé une population en quête de sanction du pouvoir essoufflé en place… Tout ça pour quoi ? Un Parti de Gauche de plus, une U.E. à l’élan brisé, un populisme stérile… Et vive la démocratie directe !
Contre les politiques, toujours, malgré la parenthèse aux quelques ardeurs entretenues lors des présidentielles 2007. À droite, on s’organise, à gauche on hystérise. Depuis la parade Royal, celle qui transmue en victoire tout ce qu’elle échoue, rien de constitué, de crédible et d’attractif n’a rassemblé sans bisbille au sein même du Parti socialiste. Alors n’évoquons pas les divergences avec et entre les plus radicales formations. Chacun se croit – pas vrai Besancenot, Buffet, Mélenchon et Artaud ? – le légitime noyau dur que devraient rejoindre les autres, ceux qui s’égarent à éparpiller les voix de gauche !
Et à l’Assemblée, sur quoi s’époumonent-ils, les parlementaires de l’opposition ? Les lois sur l’audiovisuel et le travail possible le dimanche ! Rien que ça ! En cette époque charnière de bord du gouffre, ils braillent, tonitruent et obstruent l’étude législative sur ces thématiques non vitales, alors que toute leur énergie devrait tendre à pondre une contre proposition complexe et convaincante au plan de relance de Sarkozy qu’ils ont si précipitamment écarté d’un facile revers de main. Sans opposition institutionnelle réelle, les mécontents passeront outre, explorant la voie violente, sans concession. Contre le système capitaliste et financier, enfin. On y participe activement, on voudrait y réussir, y posséder comme l’autre, mais on le vomit, on l’exècre, on se repaît de simplistes anathèmes sans relier les tares fustigées au comportement humain, mais en portant sa haine vengeresse sur le mode de fonctionnement. Kerviel, subprimes, Madoff : la tragédie médiatique en trois actes recouvre des dérives face à une légalité. Changer de règles n’évitera certainement pas les avidités prêtes à tout. A chaque fois, un cadre réglementaire est dévoyé pour profiter aux plus malins. Alors on peut doubler, tripler les sécurités… le naturel de quelques rapaces sans éthique trouvera la faille. Une évidence… et pourtant, les airs dénonciateurs portent sur le cadre et non le comportemental. Plus facile de mordre le doigt qui montre la planète satellite plutôt que dynamiter la lune…
Les boules, nous en avons plein nos sapins, mais bientôt de moins chaleureuses se nicheront au fond de la gorge. Alors, oui, j’aurais pu me complaire dans ce no man’s land jouissif de la trêve des confiseurs. Faire dans le gentillet anodin, reposant, qui vide la tête pour mieux savourer l’instant… La plume ne se laissait pas porter, accrochant et bloquant dès que m’oppressaient les myriades de drames personnels, conséquence du désastre économique entretenu par le panurgisme-domino.
Serait-ce l’amorce de l’agonie de nos formes de vie avec quelques soubresauts sanglants des désespérés insoumis ? A suivre… de loin.