C'est l'été sur la Côte de Granit Rose et Vanessa et Julie se prélassent au bord de la piscine quand apparaît un inconnu, qui se présente comme un ami d'école de Philip, leur frère. Mais Philip n'est pas encore arrivé, même si on l'attend d'un jour à l'autre, et si la famille est sûre qu'il sera là quoi qu'il arrive pour tirer le traditionnel feu d'artifice du 14 juillet. Boris est cependant accueilli par toute la famille et sa présence les charme tous, il s'installe lui aussi dans ce lieu paradisiaque. Le père se prend d'amitié pour lui, les soeurs rivalisent de féminité pour le séduire, inconsciemment ou pas.
Boris est beau, il est bien élevé et charmant, c'est un convive parfait qui égaye les vacances un peu plan-plan de la famille, par ses idées de sorties, de promenade, qui semblent presque des folies tant elles sortent les uns et les autres du rituel familial. Il est irrésistible, il devient indispensable à la bonne réussite des vacances. Mais il est également mystérieux, étrange parfois, et seul André-Pierre, le mari de Vanessa, éprouve vis à vis de cet homme un sentiment de refus, presque de haine. Il ne le retrouve pas sur les photos de classe de Boris et s'interroge : d'où vient cet homme, qui est-il, que veut-il ? André-Pierre est le seul à connaître les secrets de Philip et ne conçoit pas l'amitié des deux hommes.
Une angoisse sourde monte, malgré le lieu paradisiaque, malgré le soleil, la mer. On devine que cet homme n'est pas celui qu'il prétend, on sent en lui une violence prête à exploser, on frissonne malgré la chaleur, comme les animaux sentent arriver l'orage bien avant les hommes. Philip n'arrive toujours pas et l'inquiétude grandit, la tension également, les non-dits deviennent pesants, comme autant de mystères, et cette atmosphère, autant que la chaleur qui sévit cet été-là, influe sur les esprits, échauffe les coeurs et les corps.
J'ai beaucoup aimé l'ambiance, l'atmosphère de ce livre, la différence entre le paradis de l'île, sa beauté, son climat et la lourdeur du secret, le coté sombre du personnage principal, la violence qu'on sent à fleur de peau. On découvre au fil des pages les secrets de chacun, ces secrets de famille dont on ne parle pas devant un inconnu, mais que Boris semble comprendre, presque connaître déjà. L'auteur distille le mystère au fil des pages, avec un style parfait, vif et moderne, mais léger. Rien de pesant en effet dans l'écriture, on oscille entre le drôle et l'inquiétant, l'humour est là, toujours, mais, sur cette petite île de Bretagne, on sent vraiment la peur monter, la violence roder...
Une belle lecture que ce petite livre, et une très intéressante étude de l'âme humaine, des comportements induits par notre éducation, nos habitudes, nos a-prioris... Par contre, j'ai été hyper frustrée de la fin, un peu en queue de poisson, à mon goût !
Un grand merci à Cécile, qui m'a très gentillement offert ce livre, comme récompense d'un petit jeu que j'avais gagné chez elle (Portrait chinois : si Cécile était un vin...)