La question de la nucléarisation de l'Iran et du considérable enjeu qu'elle représente sur le plan géopolitique a été au cœur de la dernière campagne présidentielle américaine. Le danger iranien préoccupe aussi l'Europe et intéresse, pour d'autres raisons, la Russie ou la Chine... Le temps aura joué pour Téhéran : tous les rapports d'experts annoncent que les Iraniens sont sur le point de posséder la bombe. « Attaquer l'Iran » sera l'un des principaux débats géopolitiques de l'année 2009.
La question du nucléaire iranien n'est pas neuve. L'Iran s'efforce depuis 1950 d'acquérir la bombe atomique. Et si le programme a été interrompu en 1979 au moment de la « Révolution islamique », c'est parce que l'Ayatollah Khomeiny ne souhaitait plus coopérer avec l'Occident. Le programme parallèle à des fins militaires a été relancé dans les années 1980.
Dénoncé avec force par Israël depuis cinq ans, le programme nucléaire iranien avait fait l'objet d'un rapport publié au mois de novembre 2007 par le « Conseil National du Renseignement » américain, qui indiquait principalement que les activités nucléaires avaient été interrompues pendant quelques années, mais qu'elles avaient certainement repris depuis le mois d'avril 2007. Se voulant rassurant, le rapport indiquait aussi que l'Iran ne serait pas prêt à produire de l'uranium enrichi avant 2009...
Ce qui pouvait paraître rassurant en 2007 devient particulièrement préoccupant en 2009. Shaoul Mofaz, vice-Premier ministre du gouvernement israélien, ne cesse de rappeler depuis que « le temps fait partie de la stratégie iranienne ».
Un autre rapport, publié mercredi 17 décembre 2008 indique que les objectifs militaires du programme nucléaire iranien ne font plus de doute. Rédigé par une mission parlementaire française dirigée par le député socialiste Jean-Louis Bianco, le rapport indique que l'Iran disposera de la bombe atomique d'ici deux à trois ans.
Quelle attitude adopter face à un régime totalitaire, solidaire du Hamas et allié au Hezbollah libanais, qui a trempé dans de nombreux actes terroristes dans le monde et qui est sur le point de disposer de l'arme atomique ? Le rapport parlementaire affirme que des possibilités de négocier avec l'Iran existent et que des frappes nucléaires ne résoudraient rien. Nicolas Sarkozy, qui n'hésite pas à rappeler qu'il ne serrera pas la main d'un homme qui souhaite rayer Israël de la carte, a réussi à engager l'Europe sur la voie d'une plus grande fermeté.
Et pour éviter un troisième front américain dans la région, on avance l'hypothèse d'un pacte stratégique que proposerait l'Amérique à Israël en 2009, un « parapluie nucléaire » destiné à repousser une attaque nucléaire iranienne contre l'Etat juif en utilisant les forces atomiques américaines.
Or les efforts de la diplomatie israélienne n'ont pas convaincu toutes les puissances. La Chine, la Russie, comme l'ensemble des pays qui ambitionnent de se doter d'un programme nucléaire, soutiennent le développement d'un nucléaire civil en Iran, sans se soucier outre mesure de son exploitation possible à des fins militaires. En outre, une politisation de la question iranienne pourrait pousser certains à relativiser une menace réelle.
Le risque existe que certains assimilent une vigilance légitime à une obstination fondée sur une condamnation du fondamentalisme islamique. Ceux qui continuent de crier gare seraient des alarmistes paranoïaques, de vulgaires va-t-en-guerre...
Or l'Iran n'est pas qu'un péril nucléaire. Téhéran alimente en armes le Hezbollah et soutient le Hamas à Gaza. Deux autres ennemis d'Israël et de la paix qui participent au plan que propose Ahmadinejad de détruire l'Etat hébreu.
Vendredi 19 décembre sonne la fin officielle de la trêve entre Israël et le Hamas, une trêve violée depuis le 4 novembre dernier, date de la reprise des tirs de missiles et d'obus de mortiers sur le Néguev occidental. Cette semaine, l'intensification des tirs confirme que les cinq mois de trêve auront permis au Hamas, au Djihad Islamique ou aux virulentes « Brigades d'Al-Qods » de renforcer leurs capacités opérationnelles.
Ces organisations terroristes adopteront certainement le mot d'ordre du chef politique du Hamas réfugié en Syrie, Khaled Mashal : « Pas de trêve, mais pas de non-trêve ».
Gaza se réserve la possibilité de tirer sur Israël, et menace d'utiliser son arsenal au-delà du Néguev, en cas d'intervention de la Défense israélienne.
D'autant qu'à Gaza, un soldat israélien reste une monnaie d'échange, un otage stratégique.
Guy Senbel.
PS:Cette semaine, à l'initiative de Claude Goasguen et avec le soutien de Bertrand Delanoë, la Ville de Paris a élevé au rang de Citoyen d'Honneur un otage du Hamas.
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