En pleine disgrâce présidentielle, Rama Yade prend habilement la posture de la victimisation pour jouer l’opinion publique contre ses détracteurs. Son déplacement à l’ONU à New-York devait s’inscrire dans ce plan com en attestant de son engagement dans le combat pour la défense des droits de l’Homme. Hélas pour elle, l’actualité est parfois cruelle. Libération et Le Monde, le même jour opposaient aux déclarations de salon la triste réalité de terrain en dénonçant, vidéos à l’appui, les conditions indignes du centre de rétention de Mayotte et de la prison de Fleury-Mérogis.
Rama Yade a-t-elle l’arrogance de sa beauté et de son jeune âge ? C’est hélas ce que l’on peut penser. Le soldat Yade est dans une bien mauvaise situation et craint légitimement d’être fusillé pour l’exemple pour cause d’insoumission. Tel un papillon aveuglé par les lumières de la ville, la jeune femme ne semble pas avoir saisi la précarité de sa situation.
Beauté et jeunesse peuvent aider à démarrer une carrière mais après, pour durer, il faut apporter du fond à la forme. C’est le conseil avisé que lui avait soufflé son mentor, lui offrant même une élection sans risque et un poste financièrement très intéressant de parlementaire européen. Mais, Rama Yade estime qu’elle n’a plus à être cornaquée et confond parfois insolence et indépendance.
Selon le site Bakchich, la jeune femme aurait refusé de succéder à Jean-Pierre Jouyet aux affaires Européennes dans l’attente des élections. L’Europe ne l’intéresserait pas. Incompréhensible pour Nicolas Sarkozy qui reproche à sa jeune ex-protégée de ne pas vouloir salir ses escarpins sur le terrain, d’y préférer les petits fours.
Malheureusement pour elle, Rama Yade incarne parfaitement le french paradoxe en terme de droits de l’Homme. Les envolées lyriques dans les instances internationales et la multiplication dans les faits de situations indignes. A ce titre les vidéos qui circulent sur internet, à la fois sur les conditions de détention dans nos propres prisons, mais aussi dans le centre de rétention de Mayotte, attestent d’un décalage qui frise l’escroquerie intellectuelle. C’est assurément le principal reproche que l’on retiendra de l’ère Rama Yade: beaucoup de vent et peu de concret. En aucun cas le poil à gratter que l’on aurait pu espérer.
Alors que la statue de la jeune femme commence à vaciller sous les coups de boutoirs de son propre camp, Christian Estrosi, député-maire de Nice et secrétaire général adjoint de l’UMP, a sonné hier l’hallali en déclarant au Parisien “Elle existe parce que Nicolas Sarkozy l’a fabriquée ! “, “On fait un placement, on le fait fructifier et, au moment où on veut en tirer les bénéfices, voilà… “.
Pas très élégant. Pas plus, mais pas moins, que ceux de Bernard Kouchner qui s’était interrogé sur l’utilité du secrétariat aux droits de l’Homme ou encore de Nadine Morano, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, selon laquelle la “diversité” ne devait pas être un “bouclier” pour les ministres. Face à de telles attaques, la benjamine du gouvernement espère sauver sa tête en assurant son suzerain de sa loyauté, carte d’excuses et boîte de chocolats à l’appui.
Décidément, il se passe toujours quelque chose dans la Starko académie. Le programme de divertissement de l’Elysée pourrait prêter à sourire si la télé-réalité que nous infligent nos grands quotidiens avec leurs vidéos n’était aussi dérangeante à l’approche de Noël. Il est vrai qu’à Fleury-Mérogis, comme à Mayotte, collectivité territoriale d’outre-mer française, il y a belle lurette qu’on ne croit plus au père noël.
La prison de Fleury-Mérogis filmée par des détenus
par lemondefr