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"La télévision, un danger pour la démocratie", le cas de France-Télévisions, la suppression de la publicité
Publié le 19 décembre 2008 par Jcgrellety
Le voyant de l'Elysée avait vu une "télévision sans publicités" : enfin, celle qui est publique. Menton levé, il l'avait dit, dans son style inimitablement affirmatif : il n'y aura plus de publicités sur France Télévision. Plus du tout. Et puis l'intense activité des lobbys parisiens intéressés par cette manne a réduit l'absence de cette publicité à l'après-20 heures, post 5 janvier 2009. Avant, la ménagère de 50 ans sera gâtée et gavée de publicités, mais après 20 heures, elle pourra aller sur les chaînes privées recevoir sa dose, au cas où elle serait en manque. Et ce sera double dose puisque les parlementaires de la majorité ont voté le principe d'une double coupure pendant les films - sur les chaînes privées. Le pire de l'américanisation est adopté. Mais il faut les remercier. Car pourquoi regarder des films qui peuvent être vus sur Canal Plus ou en DVD, si c'est pour accepter une oeuvre cinématographique saucissonée ? Pour l'heure, les "professionnels de la profession" (cinématographique) sont bien taiseux. Loi de l'argent ? Quoiqu'il en soit, nous avons eu droit sur France Télévision à de la grande comédie : celle d'un Carolis frondeur, refusant cette suppression, et d'être cornaqué directement par the-man-himself-de-l'Elysée, et laissant dire ses amis que les libertés publiques étaient menacées. Comme si elles ne l'étaient pas depuis plus un an, et pas seulement menacées, mais affaiblies, et notamment par les programmes de France Télévision, reportages et émissions "d'information ou de débat" (un modèle du genre : "A vous de juger"), dans lesquels la pensée sarkozyste est à l'oeuvre, la déification du chef de l'Etat itou. Enfin la dernière comédie a été celle des salariés de France Télévisions. Pourquoi se sont-ils mobilisés ? Pour une indépendance ? Pour une liberté d'expression ? Pour des moyens afin de faire des programmes dignes de ce nom ? Pour le maintien de toute la publicité sur France Télévisions, en nous laissant entendre que sa disparition serait celle d'une grande liberté. Laquelle ? Celle de mentir, truquer, ... ? Bref, depuis 2002, et plus encore depuis 2007, la télévision publique est totalement contrôlée par des serviteurs zélés du pouvoir, et ce du matin au soir. L'ORTF n'est pas de retour, nous ne l'avons jamais quitté - à savoir le contrôle politique et extrêmement minutieux des programmes et des espaces d'expression.