Après une sélection 2007 éclectique et surtout très inégale (le plutôt bon côtoyait le franchement navrant), voici que pour la seconde année la manifestation créée par Courtney Solomon revient sur les écrans américains. Que vaut cette nouvelle fournée de films « trop extrêmes pour sortir au cinéma » ?
Crazy Eights de James K. Jones
Résumé : Six amis d’enfance se retrouvent suite à la mort de l’un d’entre eux. Ils découvrent que celui-ci leur a laissé une carte les menant à une « capsule temporelle » dont ils avaient oublié l’existence. Ils font alors une bien macabre découverte en l’ouvrant, puisque outre les habituels souvenirs d’enfance, celle-ci renferme le cadavre momifié d’une petite fille.
Premier film de cette cuvée 2008 de la manifestation créée un an auparavant par Courtney Solomon, Crazy Eights ne laisse rien augurer de bon quand au reste de la sélection. Remarquez, il sera difficile de faire pire que cette très molle et très basique histoire de fantôme revanchard. Honnêtement, il n’y a rien à sauver de ce long métrage. L’intrigue a déjà été vue et revue et rerevue des centaines de fois (le groupe d’amis avec un lourd secret qui se fait décimer un par un, blablabla) et les personnages sont tous plus clichés les uns que les autres (la blonde hystérique, le blagueur égoïste, le gentil boy scoot qui en plus est prêtre ici, l’héroïne brave et intelligente…). Et vu que le réalisateur n’a pas l’air d’avoir beaucoup de moyens, le film se passe pratiquement entièrement dans un entrepôt abandonné, dont les couloirs sont copieusement explorés (c’est dingue le nombre de réalisateurs qui pensent que de se balader dans des couloirs ça fait peur). C’est mou, lent, et en plus souligné en permanence par une musique d’ambiance intrusive et insupportable. Bref, même si le film dure à peine 1h20, son visionnage s’avère être un véritable calvaire. On se demande bien ce que les jolies Dina Meyer et Traci Lords sont venues faire dans cette galère (enfin surtout la première). Espérons que le reste de la sélection relève le niveau…
Note : 1/10
Nightmare Man de Rolfe Kanefsky
Résumé : Après avoir reçu un masque de fertilité, Ellen commence à faire des cauchemars dans lesquels elle est attaqué par un mystérieux « Nightmare Man ». Après plusieurs mois de ce calvaire, son mari William décidé de l’emmener dans un institut spécialisé pour la faire aider. Mais pendant le trajet, ils tombent en panne d’essence. William laisse Ellen seule dans la voiture et part en quête d’une station service. C’est alors qu’Ellen est attaquée par le Nightmare Man qui semble avoir pris pied dans la réalité…
L’affiche du film le laissait présager, et le visionnage de la chose n’a fait que le confirmer, Nightmare Man est en fait un bon gros Z des familles dont on se demande ce qu’il vient faire dans cette sélection, tant on le croirait sorti des célèbres Notules Lunaires du père San Helving. Tout mais absolument tout respire le Z dans cette production fauchée : les acteurs jouent comme des pieds et soit cabotinent à outrance, soit récitent leurs répliques de façon mécanique (mention spéciale aux répliques chocs assénées avec aplomb face caméra par les personnages de façon totalement artificielle), la musique au synthétiseur est moche au possible, le Nightmare Man est un pauvre type affublé d’un masque ridicule, les effets spéciaux de maquillage du final ô combien prévisible sentent bon le latex appliqué vite fait. Mais étonnamment, le film est plutôt sympathique, du moins dans sa seconde partie. Parce que la première moitié est absolument insupportable, avec son héroïne hystérique qui hurle sans discontinuer en fuyant dans les bois. Mais dès qu’elle rejoint la classique bande de jeunes perdus dans un chalet dans la forêt, le film gagne un chouïa d’intérêt. Enfin c’est surtout à cause des 2-3 scènes gores et surtout parce que ce coquin de Rolfe Kanefsky n’hésite jamais à désaper ses jolies actrices. On appréciera d’ailleurs tout particulièrement cette scène finale où l’unique survivante se fait d’abord mettre à poil par le vilain démon sous forme de vapeur avant que celui-ci ne la pénètre par l’entrejambe pour la posséder. Quel cochon lubrique !
Note : 2/10
Mulberry Street de Jim Mickle
Résumé : Ancien boxeur, Clutch vit désormais dans un immeuble minable au cœur de Manhattan. Les locataires de l’immeuble forment une communauté soudée et tous se réjouissent du retour de la fille de Clutch, qui vient de terminer son service en Irak. Mais la joie des retrouvailles à venir va être perturbée lorsqu’un virus transmis par les rats commence à se répandre dans l’île. Les humains contaminés se transforment en êtres sauvages et avides de chair humaine…
Après les deux navets précédemment chroniqués, il était temps que cette édition 2008 remonte un peu la pente. Hélas, s’il n’atteint pas le niveau de médiocrité de ses prédécesseurs, Mulberry Street n’en est pour autant pas un bon film. L’intention était pourtant louable - faire vivre au spectateur la propagation d’une épidémie à travers les yeux de gens normaux - mais au final on se retrouve plutôt devant un sous 28 Jours plus tard qu’un film d’horreur social. Mulberry Street est un film d’une suffisance rare, mettant un temps pas possible à démarrer, et en plus avec des prétentions auteurisantes ridicules. Mickle utilise des filtres colorés à outrance, sauf qu’on est plus proche de la laideur du cinéma de Darren Lynn Bousman (certains plans font furieusement penser à Saw 4, ce qui est loin d’être un compliment !) que de celui de Dario Argento. Déjà pas bien actif, le film se perd dans une intrigue secondaire inutile (la fille soldat qui rentre au bercail) qui ne fait qu’ajouter à l’ennui du pauvre spectateur. Il est vrai qu’une fois l’épidémie vraiment lancée, ça charcle bien, mais c’est un peu tard et en plus toujours aussi mal réalisé : on n’y voit rien du tout. Remarquez, il vaut peut-être mieux parce que les maquillages des infectés sont des plus ridicules. Et bien que la seconde partie soit plus active et surprenante (certains des personnages principaux se font tuer très vite), des choix scénaristiques hasardeux font vite retomber le soufflé (on nous apprend par exemple que l’infection se transmet par le sang et la salive, mais c’est pas grave, le héros bastonne les hommes-rats à mains nues !).
Bref, difficile de dire que Mulberry Street rehausse réellement le niveau, tant il est prétentieux, moche et raté.
Note : 4/10
Tooth and Nail de Mark Young
Résumé : Dans un monde post apocalyptique, un petit groupe de survivants vit retranché dans un hôpital abandonné. Leur vie bascule lorsqu’ils recueillent Neon (Rachel Miner), une jeune fille qui vient d’être attaquée par les terribles Rovers, un gang de cannibales. La présence de Neon rameute les Rovers qui sont bien décidés à profiter de toute cette chair fraîche à portée de main…
Enfin ! Enfin un film correct dans cette sélection 2008 ! Sans révolutionner le genre du postap’, Tooth and Nail est un solide thriller qui parvient, lui, à se jouer de son budget limité. Comme dans le désastreux Crazy Eights, la plupart du film se passe dans un bâtiment désaffecté, mais Mark Young a vraisemblablement plus d’inventivité que James K. Jones, vu qu’ici on ne s’ennuie pas une seconde. Les personnages sont solidement interprétés et dessinés avec juste un peu trop de stéréotypes (le salaud au grand cœur, la pétasse, l’intello, la jeune fille un peu effacée qui se révèle une farouche guerrière…) pour ne pas être perdus. La mise en place de l’intrigue est plutôt bien foutue et juste au moment où l’on commence à avoir envie que ça bouge un peu plus, voilà que débarquent les Rovers ! Des cannibales dont le look évoque légèrement celui des tribus de Doomsday, mais qui sont ici plus physiquement imposants. Et le fait qu’ils attaquent de nuit les rend d’autant plus effrayants. On notera au passage avec plaisir la présence de Michael Madsen et de Vinnie Jones en guests stars de luxe (je vous laisse deviner dans quel camp). On retrouve aussi la jolie Rachel Miner (la secrétaire lubrique de Californication), décidément abonnée à l’Horrorfest, pusiqu’elle était déjà à l’affiche du très réussi Penny Dreadful l’an dernier. Le film ne perd pas son temps avec de longs tunnels dialogués et préfère l’efficacité. Pas non plus de gore outrancier mais quelques plans sanglants viennent pimenter le tout. Dommage seulement que le dernier plan soit un rien ridicule. Mais la réalisation sèche et efficace de Mark Young fait des merveilles, et prouve qu’avec peu de moyens on peut faire un film efficace. Et même si le film ne recèle que peu de surprises, il se suit avec plaisir. Pas trop tôt !
Note : 6/10