Je reviens de plus en plus souvent sur le sujet des prisons en France. Et pour cause ...
Quelques chiffres : depuis le début de l'année : 110 suicides et morts suspectes en prison. Le Monde a publié aujourd'hui une vidéo qui est en train d'être diffusée partout : extrait d'un reportage tourné en caméra masquée par des détenus, ce film pourrait donner naissance à un véritable documentaire.
Avant de le voir ou revoir, je vous invite à lire cet article de GEORGIA BECHLIVANOU-MOREAU "LA PRISON NE DOIT PAS ÊTRE UN LIEU DE MISE À MORT " ( ici) sur le site Ban Public (Association pour la communication sur les prisons et l'incarcération en Europe) , dont je reprends ici quelques citations :
- "il est temps d'affirmer haut et fort que cela fait longtemps, depuis la suppression de la peine de mort, que la justice pénale n'inclut plus dans sa répression la mise à mort de la personne."
- "Une personne va en prison pour être simplement privée de sa liberté d'aller et venir ; pas pour mettre sa vie en danger."
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"Le droit européen exige de garantir aux personnes détenues en France et en Europe entière le droit à un environnement carcéral sûr : " La Cour estime que les obligations des Etats contractants prennent une dimension particulière à l'égard des détenus, ceux-ci se trouvant entièrement sous le contrôle des autorités : vu leur vulnérabilité, les autorités ont le devoir de les protéger " ; les Etats doivent " déployer les plus grands efforts pour veiller à ce que tous les détenus se trouvent dans un environnement carcéral sûr "."
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"Ainsi selon encore les exigences du droit européen applicable en France, les mesures raisonnables impliquent, d'une part, l'obligation d'un " examen médical de filtrage ", au moment de l'écrou, sérieux et profond, propre à détecter les détenus dangereux pour autrui ou pour eux-mêmes, effectué par des personnes compétentes. Elles impliquent, d'autre part, des moyens techniques : pas d'encellulement commun, installation d'alarmes dans chaque cellule en état de marche, des rondes régulières, et des rondes rapprochées en cas de risque prévisible Constituent des éléments de prévisibilité de tels risques, d'après la Cour, le passé pénal (déjà arrêté ou condamné pour des actes violents), l'état de santé mentale, mais aussi le comportement général durant la détention et à l'égard de personnes précises ."
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"En 2003, le rapport Terra estimait à 55 % le pourcentage des détenus entrants présentant des troubles psychologiques . En juin 2006, dans son " cri d'alarme ", le chef médecin de la prison de Fresnes faisait état d'un taux de pathologies vingt fois supérieur à la population générale et dénonçait cette politique proche de celle du XIXe siècle qui consiste à " incarcérer à l'hôpital psychiatrique " ou " à hospitaliser en prison ". De telles personnes devraient être placées dans des lieux hospitaliers et sous la surveillance étroite du personnel médical."
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"Il pose en fin la question de la banalisation du recours à la prison. Alors qu'actuellement les prisons ne peuvent accueillir les personnes condamnées ou mises en cause au pénal dans de conditions sûres, bref dans de conditions conformes au droit, on continue à y envoyer des personnes sans pour autant être en mesure de garantir leur intégrité et sécurité : conduire en état d'ivresse et posséder une arme de 6e catégorie, (ex. une lacrymogène), mérite-t-il d'envoyer la personne en prison et mettre ainsi sa vie en danger ?"
Il ne s'agit pas que de protéger les prisonniers. Le personnel des prisons doit aussi pouvoir faire son travail dans de bonnes conditions, le métier de surveillant étant de plus en plus difficile à vivre sur le long terme... Un métier dont la première mission, comme l'affirmait Rachida Dati dans son discours du 17 juin :
"est d'assurer la sécurité au sein des établissements pénitentiaires".
[...] "Les surveillants exercent de nouvelles missions, aussi primordiales que la sécurité. J'en citerai deux qui donnent une nouvelle ampleur à la fonction de surveillant :
Les surveillants de prison veillent à la dignité des personnes détenues.
C'est un rôle fondamental dans un Etat de droit. Les surveillants s'assurent que les droits individuels des détenus sont respectés. Ils sont attentifs à leur intégrité physique et ils sont à leur écoute.
Le projet de loi pénitentiaire réaffirme les droits fondamentaux que la personne détenue doit pouvoir conserver :
- le droit au maintien des liens familiaux
- l'accès au droit et à l'information,
- la liberté de conscience et de culte,
- le respect des droits aux prestations sociales,
- l'exercice des droits civiques, quand elle n'en n'est pas privée par décision de justice..."
Au garde des Sceaux et à l'Etat de leur en donner les moyens... au "pays des droits de l'homme"... puisque les intentions... seraient... là.
Un film qui doit faire parler de lui : les faits se passent en France, à la prison de Fleury-Mérogis :