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La lettre au Père Noël

Publié le 18 décembre 2008 par Corboland78
L’appartement est prêt depuis ce week-end et encore cette année j’ai tardé. J’ai posé sur ma porte d’entrée une couronne de l’Avent et dans la salle le sapin riquiqui indique sans quiproquo que Noël approche. Riquiqui ce n’est pas la marque du sapin, ni même son nom scientifique, ce n’est qu’un qualificatif pour que vous compreniez bien qu’il est vraiment tout petit. Non seulement il est tout petit mais il n’est même pas vrai, c’est un symbole en fait. Posé sur un coin de meuble il cohabite avec quelques santons de tailles disparates formant à eux tous une crèche rudimentaire qui donne le vertige quand on la fixe trop ; la perspective engendrée par les sujets qui ne sont pas à la même échelle peut donner le tournis, si vous venez chez moi soyez vigilants. Le Jésus dans sa paille est gros comme l’âne qui lui souffle dans le cou, quant à la Marie, j’allais dire la grosse excusez-moi, elle est épaisse comme les trois rois mages réunis, par contre elle est bien assortie avec son Joseph, c’est déjà ça, mais pas assez maousse pour qu’on imagine un instant qu’elle ait pu porter l’Enfant Roi. Enfin, croire ou ne pas croire dans cette histoire c’est tout le problème et je ne suis pas là pour entamer un débat théologique qui nous emmènerait au bout de la nuit. L’important pour moi étant d’avoir mon sapin et ma crèche pour me jouer Noël comme tout le monde. Parfois faire comme tout le monde je trouve cela humiliant, mais parfois ça me rassure aussi. Je sais, je suis un gars compliqué. Bref, le décor étant planté j’attendais le grand jour quand ce soir, revenant par le RER morne et gris, alors que je jubilais in petto à l’idée de retrouver mon petit chez moi décoré, la fulgurance de l’idée m’a laissé pantois quand j’ai réalisé que je n’avais pas encore écrit ma lettre au Père Noël ! Nous venions de dépasser La Défense ce qui me laissais du temps pour en élaborer les premières lignes dans mon esprit. Une introduction doucereuse mais pas trop mielleuse pour adoucir le vieux, une formule de politesse un peu rétro mais de bon goût pour clore l’épître, tout cela je savais faire. Mais je séchais sur la liste des cadeaux à demander car moi à part les livres et les disques je n’ai jamais besoin de rien et j’aime me les payer moi-même. Bon sang, une lettre au Père Noël ça ouvrait des perspectives, des crédits illimités, des rêves à assouvir, je ne sais pas moi. Déjà Rueil-Malmaison et ma liste toujours vierge, c’était désespérant. Quand la grosse voix du chef de train a annoncé dans les haut-parleurs pourris et grésillants du wagon que nous arrivions au terminus, je me suis réveillé en sursaut, mon journal froissé sur les genoux et j’ai réalisé que je venais de rêver. Ca m’a soulagé car en fait ma lettre au Bonhomme je l’avais déjà postée il y a quelques jours.     

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