Depuis plusieurs semaines les plans sociaux se multiplient pour « faire face à la crise ».
Comment des dirigeants brillants, si on en juge par leurs parachutes dorés, peuvent-ils à ce point créer ce qu’ils affichent redouter ? Henry Ford, à son époque, n’arrivait pas à convaincre ses pairs de l’importance de payer correctement leurs ouvriers s’ils voulaient les voir consommer leurs produits. Malgré la crise de 1929, et les catastrophes qui l’ont suivie, rien ne semble avoir changé. Vision à court terme et sur un espace limité, même s’il peut aujourd’hui être mondial.
Plus surprenant et plus grave la passivité des politiques capables au mieux (au pire ?) de déverser des milliers de milliards de dollars ou d’euros vers les déclencheurs même de la crise : banques, d’abord, grandes entreprises maintenant. Certains affichent posture et discours volontaristes de relance mais les actes ne suivent pas.
C’est que l’absence de vision des interdépendances (malgré la création de l’expression et de la fonction « risque systémique ») est une caractéristique des personnes sous l’influence d’une idéologie, au sens que donnait Hannah Arendt à ce terme : déploiement jusqu’au bout de la logique d’une idée. La main invisible du marché qui a créé ou n’a pas su empêcher la crise, devrait, par miracle, être capable d’assurer la relance à condition de lui fournir le carburant lui manquant : les fameuses liquidités.
C’est un peu, comme si voulant faire redémarrer ma voiture après un crash, je versais dessus de l’essence. Une allumette et tout flambe…
Pour les citoyens qui ne sont pas contaminés par cette maladie idéologique, il est en temps de remettre la politique à la première place, qu’elle n’aurait jamais du quitter au profit de ce qui n’était autrefois que le « ménage », l’économie. Quel monde voulons-nous ? Un monde de citoyens libres ? Libres de la nécessité vitale ? En quoi le libre échange, la division internationale du travail et la marchandisation généralisés à quasiment l’ensemble de la planète, favorisent-ils cette liberté ? En provoquant la famine dans des pays autrefois miséreux mais auto-suffisants, en rendant l’ensemble des citoyens dépendants d’une activité salariée et en les mettant en concurrence entre eux pour bénéficier d’emplois précaires, mal payés ?
Où agir ? Au niveau local, surement. Au niveau national, au niveau européen. En sortant de la paresse intellectuelle de ces dernières années, en résistant à la construction d’une Europe aux mains de commissaires aussi contaminés par la bêtise libérale que les pires des républicains américains. En profitant des prochaines élections européennes pour proposer une autre démarche ayant comme sens la liberté et donc l’égalité des citoyens.
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