Quelques jours après la sortie de leur film ‘Je veux voir’, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige présentent vidéos et photos dans la Salle Noire du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (jusqu’au 8 mars), dans une exposition titrée ‘We could be heroes, just for one day’ (courtesy David Bowie).
Plus loin, des affiches délavées avec des photos de martyrs, commémoration dérisoire et fantomatique, puis les vidéos de Khiam, déjà vues ici : face à l’Histoire qui se dérobe, quelles images montrer ?
Enfin, une vidéo habitée par des mots d’amour (Toujours avec toi, Pour tes yeux, Je ne suis pas seul, A toi pour toujours) montre les affiches de politiciens beyrouthins lors d’une élection: d’abord bien propres et sagement alignées, on les voit de plus en plus mêlées, superposées, lacérées, déchirées, flottant au vent, formant des couches successives à la Villeglé, comme des strates mémorielles. Ces slogans dérisoires, ces visages qu’on reconnaît parfois (Hariri ? Joumblatt ?) composent peu à peu un montage surréel, une narration sans substance, une saturation conduisant vers la disparition de l’histoire (Toujours avec toi).Il s’agit du Liban, bien sûr, mais au delà, c’est de mémoire que Joreige et Hadjithomas nous parlent, de l’impossibilité d’écrire l’histoire, de la disparition et de la latence. Comment, ici aussi, dire ‘Je veux voir’ ?