La discussion continuant, je la poursuis en prenant prétexte de la citation sympathique que MissTics a fait du billet “Facebook est-il fait pour l’entreprise ? ” rédigé il y a quelques jours.
Je le fais aussi en référence à cet article de Denis Ettighoffer, publié dans le blog des Echos sous le titre “La fracture numérique concerne d’abord les entreprises“. Le propos est plus général mais il peut servir à comprendre la relation Entreprise - Facebook (ou autre).
En substance l’auteur déplore la frilosité du management de certaines entreprises face aux nouvelles technologies et souligne le fossé creusé: “Pourquoi ce qui passionne des millions de jeunes gens et des internautes précurseurs n’affecte-t-il que marginalement le fonctionnement des entreprises ?“
D’accord pour dire que “ce n’est pas l’accès au meilleur état de la technique qui pose problème. C’est la libéralisation de ses usages“. A condition que le chef d’entreprise puisse se faire expliquer en quoi la libéralisation des usages va augmenter la compétitivité de son entreprise, et comment, pratiquement, il peut s’approprier une telle démarche. Ce qui suppose que les interlocuteurs chargés de promouvoir le numérique, en particulier institutionnels, ait un minimum de pratique de l’entreprise, ce qui ne me paraît pas certain…
Je lis aussi cette phrase, essentielle : “La réussite de la mise en place d’un intranet ne relève pas de la qualité technique du réseau (même si cela reste indispensable), mais plutôt de l’intérêt du collectif à communiquer et à collaborer ensemble au travers d’un projet quelconque“.
Typiquement les outils du web 2.0, “à la Facebook”, présupposent en quelque sorte que l’usage fera émerger le projet, au moins en première approche. Tout aussi typiquement l’entreprise, qui peut toujours saisir une aubaine mais n’a pas pour habitude de s’écarter beaucoup de son sillon, est une organisation qui travaille avec des projets. Que Facebook (ou un autre) soit “génial” pour certains ne change en rien la question de l’entrepreneur: “En quoi cela pourrait-il servir mes projets ?”. En dehors d’une réponse claire à cette question, point de salut.
Au quotidien je mesure qu’une pédagogie attentive est indispensable pour mettre à disposition du chef d’entreprise une démarche pragmatique qui lui permette de s’engager à fond sur le sentier escarpé du numérique. Elle n’est pas facile à mettre en œuvre. Il y a un gouffre entre la proclamation du “messianisme technologique“ et la mise à disposition d’un outillage efficace pour les acteurs de l’entreprise. Il est encore utile de renvoyer au rapport Midière, « TIC et PME » de début 2006, qui soulignait parmi les freins à la diffusion des TIC dans les TPE:
“Une promotion des TIC basée à la fois sur des discours encore trop technicistes de la part des offreurs, des effets d’annonce pléthoriques et un rythme trop rapide de l’innovation technologique“.
Je comprends les partisans de Facebook (ou autre) qui crient au scandale parce que leur chouchou a été (un peu) égratigné. Réalisent-ils disant cela que se marque un peu plus cette fracture entre ceux qui savent beaucoup du numérique et ceux qui ne demandent qu’à apprendre tout en continuant à piloter l’entreprise.
Réconcilier l’entreprise et le numérique est une approche positive que je préfère au simple constat d’une certaine fracture numérique.
Pour conclure sur une note pratique, je lirais avec intérêt tout commentaire disant en une phrase courte comment Facebook (ou un autre) peut servir à l’entreprise, pas en terme de conseils ou de recommandations sur ce qu’on pourrait mais avec des exemples de réalisations en PME, de préférence industrielle.
Quelques liens au sujet des usages “pro”.
Quel usage professionnel pour Facebook ?
7 règles d’or pour développer son business grâce à Facebook
Facebook Usages Attentes
Usages professionnels des réseaux sociaux
Du (très) bon usage professionnel des réseaux sociaux…l’Apec et Linkedin : un partenariat exemplaire
Quelle place pour les réseaux sociaux en entreprise ?
Du bon usage de Facebook et des réseaux sociaux en entreprise.
Facebook, en résumé
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