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Une tendresse bienvaillante

Publié le 18 décembre 2008 par Myriam

En visitant l'exposition Van Dyck au Musée Jacquemart André, j'ai été frappée par la similitude entre ce tableau "Double portrait d'un homme et de son épouse" datant de 1618-1619 et "L'entretien" peint en 1923 par Picasso et présenté actuellement à l'exposition "Picasso et les Maîtres" au Grand Palais. C'est comme s'il y avait eu un miroir entre ces deux tableaux, le couple du 17ème siècle se retrouvant au début du 20ème siècle !

Van Dyck - Le couple

Même composition harmonieuse inscrite dans un cercle, l'homme dans les deux tableaux passe le bras derrière la femme (dans un cas la main repose sur le dossier du fauteuil, dans l'autre cas la main repose sur l'épaule), et, de son autre main, il tient la main de sa femme (dans la peinture hollandaise, union symbolique de leur main droite qui marque l'union nuptiale, la traditionnelle dextrarum junctio, main gauche chez Picasso). Même attitude d'affection et de sollicitude de l'homme pour son épouse ou sa compagne qui est accentuée par la tête légèrement inclinée de l'homme (cette composition est à rapprocher de celle de la "Famille Brueghel" peinte par Rubens en 1612-1613). La femme se tient très près de son compagnon : chez Van Dyck, elle est assise dans un fauteuil, chez Picasso elle se tient, appuyée sur son bras, la tête contre son épaule. Et même regard un peu perdu dans le vague de la femme.

Picasso - L'entretien, Cap d'Antibes 1923

Même importance du fond du tableau qui met en valeur le couple, chez Van Dyck la tenture vénitienne rouge et l'ouverture vers la campagne "aère l'univers jusque là confiné du portrait bourgeois", chez Picasso, le lavis gris donne encore plus de relief aux quelques traits noirs qui forment le dessin du couple.

Indéniablement, dans ces deux tableaux, on sent par rapport à l'époque où ils ont été peints, la modernité poindre."Au-delà de sa fidélité aux usages du portrait flamand relatifs à la place des conjoints et à leur attitude respective (affimée pour l'homme plus effacée pour la femmme), ce tableau apparaît atypique dans le premier quart du 17ème siècle". En effet à cette époque, la formule des portraits individuels présentés en pendant étaient la norme. Au delà de la représentation de nus inspirée par le classicisme et les références à la mythologie (il s'agirait de Mars et Vénus), le traitement retenu par Picasso est original ici dans la mesure où il est dénué de tout érotisme. Mais ce qui m'impressionne peut être le plus dans ces deux oeuvres c'est la proximité affectueuse que l'on ressent et la tendresse bienvaillante de l'homme envers sa compagne.


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