Souvenir d’enfance. J’ai 5 ou 6 ans. Mes parents et moi-même visitons de vieux cousins, que j’appelle couramment Pépétin et Mémétin. Peu importe l’origine de ces noms. Ils sont gentils et m’ont offert un baigneur en celluloïd. Ils sont aussi très âgés, et l’un d’eux, alors que la montagne m’inquiète dans les Pyrénées, meurt. Reste l’autre, que l’on visite hebdomadairement dans cette maison de retraite de Couëron, près de Nantes. Pour me distraire, mon papa me permet de faire du vélo, sur cette bicyclette blanche avec des roues pas trop grandes mais pas trop petites non plus. Puis l’autre décède à son tour, mais nous restons attachés à une amie de ce couple : mademoiselle Chausson. J’y repense parce-que ce soir j’ai chaussé une paire de ces petites choses qui font chaud au pied, et qu’elle a crochetées.
Cette demoiselle Chausson vivait seule dans une petite maison. Dans cette maison, il y avait un piano, et avant d’apprendre à en jouer, j’y ai tapotté de longues heures, cassant probablement les oreilles de cette demoiselle fort patiente. Une dame âgée, mais je ne m’en rendais pas bien compte, si ce n’est qu’elle oubliait d’allumer la lumière lorsque la nuit tombait : ça allait pour discuter, mais pour lire … Parce-que les discussions des grandes personnes m’intéressaient peu, et, après le piano, je lisais, lisais, lisais …
Elle nous racontait aussi des choses bizarres : des gens peu regardant auraient piqué dans le cimetière des fleurs à offrir à leurs hôtes. Mais comme aucun des polars que je lisais n’en faisait écho, j’ai laissé filer l’info. Un jour, mademoiselle Chausson est décédée. Je fus triste je crois et j’ai pensé à elle en passant devant Couëron .
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