En 1999, le 17 décembre, une dernière visite à l'hopital, mon père.
Quelques heures avant l'issue fatale, j'ai senti tout autour de moi la concubine de l'hémoglobine qui était là, prête à faire son œuvre. Elle rodait. Elle était presque palpable tellement elle était présente. Je l’insultais “cette saloperie !” Dérisoire rébellion vouée à l’échec.
Elle a eu le dernier mot dans la nuit, comme par lâcheté, la peur de l'affronter les yeux dans les yeux. Des yeux qu’il avait bleus.
Juste avant que tout ne se termine, les minutes paraissent s’écouler lentement. Pourtant le temps défile à toute allure, inexorablement, définitivement. Chaque seconde est un trésor dont on ne peut estimer le prix qu’après. Et lorsqu’on s'aperçoit que c'est fini, que le train a quitté le quai pour partir vers nulle part, que ses lumières se sont éloignées puis évaporées, évanouies, disparues petit à petit, alors on sait.
Les yeux se ferment.
Ni demain, ni jamais. Le train ne reviendra plus jamais.
Désespoir, regrets de ne pas lui avoir assez dit l'importance qu'il avait pour moi.