A tous les lecteurs et autres dénicheurs de raretés littéraires!
Il fut un temps où Marc Sefaris, alias Marco, tenait un blog littéraire intitulé "la littérature du sous-sol" où il croquait avec un jouissif esprit de dérision la littérature d'en-haut, celle qui se passe dans des sphères apparemment inaccessibles au commun des provinciaux, fût-il littérateur à ses heures. Il me faisait parfois la sympathie d'une visite sur mon blog, d'un commentaire.
Son premier roman est paru en novembre et il y a un mois, Marco fit ses adieux à la blogosphère, particulièrement chronophage (tous ceux qui tiennent ou ont tenu un blog savent probablement de quoi je parle), pour se consacrer à d'autres projets - littéraires, comme on peut s'en douter.
Par hasard, au salon du livre de Lyon, je découvris que je connaissais sans le savoir Marc Sefaris dans la vraie vie. Bien caché sous son pseudo du net, je ne l'avais pas reconnu (ah! l'art de l'anagramme!) Il me "coursa dans une allée" (dixit son blog), je découvris sa véritable identité avec surprise et délice - diable! que j'aime ces moments où l'identité de pixels et l'identité de la vraie vie se chevauchent! Il me fit l'amitié d'une belle dédicace, et je repartis, ravie et impatiente, le roman dans la poche.
Le roman s'intitule "Confessions de Satan", il est paru chez Jacques André, éditeur sis à Lyon. Je l'ai lu avec plaisir, et en ai parlé là (pour le résumé et tout le tralala, suivre le lien). Malheureusement, comme beaucoup de premiers romans, il ne bénéficie pas d'une publicité ni d'une diffusion digne de lui. Il est des éditeurs qui ne jugent pas nécessaires de promouvoir les romans qu'ils éditent...
Petit extrait des paroles de ce Satan philosophe:
" Parfois, un écrivain dit quelque chose de juste. Ce n'est pas du génie, un éclair de clairvoyance, c'est ni plus ni moins la dure loi des probabilités. Comme à la loterie la plus populeuse la combinaison gagnante doit bien sortir un jour, à force d'écrire n'importe quoi, la main malhabile finit par écrire une phrase, une page qui dit la vérité. Aucune importance: personne ne lira ou personne ne comprendra, les gloseurs de l'oeuvre fausseront la pensée, et les gloseurs de gloses la tordront encore jusqu'au contresens. Et faisons confiance aux professeurs de littérature, scrupuleux gardiens du verbe travesti, pour rendre inaudible le cantique et vomitif le banquet!
Et quand bien même leurs échos enroués résonneraient encore... Ils seraient si loin de la réalité qu'ils prétendaient transcrire - car là réside leur plus géniale imposture: faire croire à la complexité de la vie, à ses infinies nuances - alors que la vie n'est que platitude, atrocement plate et simple et sans nuances. Oui, grimer, farder la vie jusqu'à la rendre méconnaissable, la parer de mille lumières et de mille ombres, la décomposer à l'infini, voilà le secret des écrivains, voilà l'ardent mensonge qui leur permettra, toujours, d'être craints par les hommes craintifs."