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Les “sciences du cerveau” au service de Big Brother ?

Publié le 17 décembre 2008 par Kamizole

homer-simpson-detecteur-mensonge.1229524765.jpgOutrée ! Je lis ce matin un article du Monde qui m’apprend que désormais en Angleterre l’on traque les fraudeurs aux «allocs» grâce à un «détecteur de mensonges» ! Ce procédé aurait été initié par Tony Blair… cela ne m’étonne guère de ce «blaireau» ! que pour ma part, je n’ai jamais pu «blairer»… A gauche, lui ? Mon œil ! Sa politique sociale n’a pas différé d’un iota de celle de Thatcher.

Et si quelqu’un eût du être soumis au détecteur de mensonges (à condition qu’un tel dispositif soit infaillible, ce qui est loin d’être prouvé) c’est bien Tony Blair si l’on se souvient de ses mensonges éhontés que le chihuahua de Bush a soutenu au sujet des «armes de destruction massive» en Irak, et autres contrevérités du même tonneau.

Un détecteur de mensonge contre la fraude aux allocations à Harrow, près de Londres
LE MONDE | 16.12.08 ©
Les “sciences du cerveau” au service de Big Brother ?

Pour continuer à percevoir diverses allocations sociales, les bénéficiaires doivent répondre à des questions posées au téléphone par un agent de l’administration. Or, la conversation est «analysée» par un ordinateur. A la moindre hésitation, au moindre changement de ton, l’ordinateur émet un bip sonore qui prévient le fonctionnaire que la personne est en train de lui mentir !…

Ce qui aura une incidence directe sur le paiement de son allocation. Son dossier risque en effet de traîner bien plus longtemps que les autres sous le coude gauche d’un fonctionnaire !

Quand la machine remplace l’homme pour apprécier une situation forcément complexe, le danger d’erreur est encore plus grand.

Je n’ai pu m’empêcher de penser au coup de gueule poussé dimanche 14 décembre 2008 par Boris Cyrulnik lors de la chronique “sciences” de Marie-Odile Monchicourt. Au sujet de l’utilisation dévoyée de «l’imagerie fonctionnelle cérébrale» qui permet de visualiser le fonctionnement du cerveau dans diverses circonstances.

imagerie-fonctionnelle-cerebrale.1229524832.jpg
Il considère qu’il s’agit là d’un outil extraordinaire, «une avancée merveilleuse pour l’exploration de notre cerveau. Elle nous met en face de questionnements scientifiques, neurologiques, psychologiques, philosophiques qui font progresser considérablement nos connaissances sur ce mystérieux organe qu’est notre cerveau… »

Or, lors de cette dernière chronique hebdomadaire, il s’indignait qu’un juge américain ait pu utiliser les données recueillies grâce à «l’imagerie fonctionnelle cérébrale» pour condamner une personne soupçonnée de meurtre, au seul motif de ses réactions à l’écoute du récit du meurtre qu’on lui imputait, et notamment la description d’actes assez atroces…

Le fait qu’elle ait réagi est-il le signe infaillible qu’elle en soit l’auteur ?

J’ai personnellement horreur de la violence et je fuis comme la peste les films qui montrent des scènes de barbarie. Etant relativement émotive et nerveuse, je doute pouvoir en écouter le récit sans que mon corps et mon cerveau ne réagissent. Cela fait-il pour autant de moi la coupable de tels actes ? Bien évidemment non.

De même si - d’un entretien téléphonique enregistré par une machine à scruter le cerveau - dépendait par exemple le paiement de ma retraite, il est vraisemblable - me connaissant - que je serais crispée voire angoissée et pour le moins, mal à l’aise… Tout simplement parce que c’est ma survie qui est en cause ! Ma retraite a beau être ultra-mince, je n’ai que cela pour vivre.

Je prends cet exemple, pour l’instant improbable (mais quid pour l’avenir ?) car il me permet de me mettre dans la peau d’une personne qui dépend de prestations sociales pour assurer son existence et celle de sa famille.

Le simple fait de savoir que l’on pourrait éventuellement les lui supprimer en raison de ses réactions émotives enregistrées par une machine et non pas en fonction de réponses purement factuelles, voilà vraiment de quoi la perturber, sans pour autant qu’il s’agisse de réponses mensongères sur sa situation.

Enfin, il est évident que pour ceux qui nous gouvernent, le simple fait d’être pauvre nous met non seulement en situation d’infériorité mais, nous classant dans la catégorie des «salauds de pauvres» nous rend éminemment suspects et en premier lieu : fraudeurs en puissance…

Si l’on soumettait nos gouvernants et tous ceux qui prennent des décisions-couperets contre les gens modestes – y compris les puissants qui d’un trait de plume délocalisent et licencient - à un test utilisant «l’imagerie fonctionnelle cérébrale» en leur infligeant le récit des galères endurées par ceux qu’ils ont mis sur le carreau, je doute qu’ils marquent la moindre émotion…

Je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement avec un autre article lu ce matin au sujet de l’obésité, une recherche sur son origine génétique, tendant à prouver que les gènes en cause agiraient sur l’alimentation et le corps par l’intermédiaire du cerveau… La belle affaire !

Le cerveau, responsable de l’obésité ?
LEMONDE.FR | 15.12.08 ©
Les “sciences du cerveau” au service de Big Brother ?

Comme si l’on avait attendu la génétique pour savoir que les troubles de l’alimentation et d’autres «addictions» physiques – alcoolisme, toxicomanie, etc… - sont influencés par des mécanismes qui ont leur siège dans le cerveau et sont transmis aux différents organes par divers neuro-transmetteurs. Par exemple, un boulimique ne connaît pas la sensation de satiété qui nous fait normalement arrêter de manger.

Ce contre quoi je m’insurge, c’est la prétention de la science à tout expliquer par les seuls facteurs «organiques» qu’ils fussent biologiques (hier) ou génétiques (aujourd’hui). Et demain, on appellera sans doute à la rescousse «l’imagerie fonctionnelle cérébrale» pour déterminer si nos comportements sont «corrects» ou pas.

Il suffira ensuite de nous «mettre en fiches»… Il faudra d’ailleurs commencer le plus tôt possible (3 ans étant paraît-il l’âge idéal !) pour détecter - préventivement - tous les comportements asociaux…

Je ne vous raconte pas la fiche de mémé Kamizole : gueularde et contestataire, de gauche, aimant bien manger et boire de même, pauvre et un peu handicapée, dépressive bien qu’ayant toujours le boyau de la rigolade, ayant recommencé à fumer : ah ! la chienne… Elle creuse le «trou» de la Sécu !… Je vous en passe et des meilleures… Il n’en faudra guère plus pour que l’on me sucrât ma retraite.


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