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Laporte : tout pour le haut niveau, rien pour le reste !

Publié le 17 décembre 2008 par Jarousseau

Notre Secrétaire d’Etat aux Sports, Bernard Laporte, a annoncé vendredi une réforme du sport de haut niveau. Il veut instaurer une logique de résultats dans les fédérations sportives. C’est vrai qu’avec lui tous les moyens sont bons. Cette réforme confirme malheureusement que l'Etat se désengage clairement du sport de masse. Elle s’inscrit dans le contexte général de la réforme de l’Etat. Derrière l’objectif affiché de « se recentrer sur les missions essentielles », il est clairement question de réaliser des économies, au-delà du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.


Le gouvernement fait le choix du haut niveau. Pour cela, Laporte s'appuie sur le modèle sportif britannique (rendez-vous compte 47 médailles dont 19 en or aux derniers JO contre 40 et 7 pour la France…). Le constat du ministre est un peu court si l'on détaille d'un peu plus prêt les résultats de nos voisins d'outre-Manche. Ce modéle est loin d'être le meilleur, puisque la Grande-Bretagne a glané ses médailles d’or à Pékin sur des disciplines mineurs (en autre le cyclisme sur piste et la voile). Une nation qui brille, c’est une nation performante sur les sports collectifs, puis des disciplines individuelles comme l’athlétisme, la natation… et les sports chargés d’histoire comme l’escrime, le judo...
La réforme engagée reposera sur quatre piliers :
- 1. Création d’infrastructures d’excellence : l’INSEP sera transformé en « Campus olympique et sportif ». Il sera entièrement tourné vers le haut niveau, et si l’état prévoit d’y investir 200 millions d’euros, « les entreprises y auront leur place ». Cette tête de pont sera complétée par des « Campus régionaux (...) moins importants en nombre que les CREPS actuels ». De 24 actuellement, on passerait à une dizaine ! Pourtant les CREPS, Centre Régionaux d’Éducation Sportive, sont des établissements de référence du sport dans les régions et des outils de travail reconnus et plébiscités du monde sportif. Ce sont les symboles de la politique de formation publique et de la démocratisation du sport.
- 2. Resserrement de l’élite. De 15.000 actuellement, les sportifs inscrits sur les listes de haut niveau ne seront bientôt plus que 5.000. « Cette évolution s’accompagnera du maintien de l’enveloppe allouée », a affirmé le ministre. Les meilleurs devraient donc en profiter.
- 3. Culture de la performance. Pour Laporte, « la culture de la performance » doit remplacer « la logique administrative » qui prévaudrait aujourd’hui au sein des fédérations. « À partir d’objectifs fixés, les résultats feront l’objet d’une analyse au moins bi annuelle ».
- 4. Démocratiser la gouvernance du sport. Dans ce dernier chapitre ayant peu à voir avec le haut niveau, le ministre évoque un « décalage » au sein des instances dirigeantes. Là, il a raison.
Les réactions ne se sont pas faites attendre. le mouvement sportif semble vent debout contre cette réforme qui fera peut-être quelques heureux du côté de la LFP ou de Lagardère. L’appui de l’Etat est attendu au niveau financier plus qu’en termes de remèdes manageriaux miracles.
Je crois que le monde sportif était en droit d'attendre une large concertation sur le sujet. A la place de cela, Laporte impose des solutions dogmatiques, en ayant complètement ignoré les partenaires naturels que sont notamment les collectivités locales, financeurs majeurs du sport de haut niveau. Ce rapport met une nouvelle fois en lumière, la contradiction d’un gouvernement obsédé par les réformes … et le désengagement de l’Etat.

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