Les lycéens toujours sur le pont

Malgré l’annonce du report de la réforme du lycée, la mobilisation lycéenne s’est amplifiée hier. Les manifestants n’avaient jamais été aussi nombreux depuis le début du mouvement
Pour une fois, la police et les manifestants sont presque tombés d’accord... sur les chiffres. Hier, dans les rues de Bordeaux, ils étaient de 5 à 6000 selon la police et plus de 7000 selon la Fidl (fédération lycéenne) qui organisait la manifestation. Seul le rectorat de l’Académie de Bordeaux n’a compté que 3800 manifestants, ce qui constitue toutefois le plus grand nombre de manifestants comptabilisés par l’Académie depuis le début du mouvement. Une chose est sûre, depuis qu’elle a débuté, la grogne lycéenne n’avait jamais autant rassemblé à Bordeaux. Probablement parce que contrairement à ce qui s’était passé la semaine dernière, les forces de police n’ont pas bloqué le pont de Pierre. A 10 heures hier matin, le gros du cortège était rassemblé place Stalingrad avant de s’ébranler en direction de la place de la Victoire pour rejoindre les lycéens de la rive gauche. Sûrement aussi parce que les lycéens défilaient pour marquer leur opposition à la réforme du lycée voulue par le ministre Xavier Darcos, mais aussi pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme «des provocations policières». «Nous manifestons aussi pour dénoncer les interventions policières qui ont eu lieu mercredi dernier devant plusieurs établissements», expliquaient avant la manif les représentants des syndicats d’enseignants, faisant référence aux «déblocages» de plusieurs lycées par les forces de l’ordre et à l’interpellation de lycéens. Une motivation à laquelle William Marois, le Recteur de l’Académie de Bordeaux à répondu sans détour dans l’après-midi, lors d’une conférence de presse. «Ça suffit les discours tout faits sur la violence policière. Demandez à la proviseure du lycée Kastler de Talence (ndlr : blessée par des manifestants dans son établissement la semaine dernière) ce qu’elle pense des violences ! Il serait temps que les jeunes reprennent le travail. En reportant cette réforme, le Ministère propose de prolonger la concertation. Ce n’est pas une manière de concerter que de défiler dans les rues.» Au même moment, environ 800 étudiants des IUT battaient le pavé contre la réforme des universités. De leur côté les représentants des lycéens ont annoncé une nouvelle manifestation pour demain.
Sébastien Marraud