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Le rechauffement climatique incontrolable

Publié le 16 décembre 2008 par Graphseo
Qui sème le fer, récolte peut-être les problèmes Par Denis Delbecq • 15 décembre 2008 à 21:22 • Categorie: Actualité

Alors que l’Union Européenne a dû adoucir son “paquet-climat” pour contenter tous les Etats, les techniques de géo-ingénierie du climat apparaissent de plus en plus comme un recours pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais en Australie, un rapport du Centre de recherches coopératif sur le climat et l’écosystème Antarctiques (ACE-CRC) jette le doute sur la fertilisation des océans. Une technique qui pourrait certes pomper du carbone dans l’atmosphère pour l’enfouir au fond des océans, mais au risque de perturber les écosystèmes de manière irréversible.

Peut-on éviter un réchauffement climatique incontrôlable? Les idées ne manquent pas dans les laboratoires scientifiques et même dans des startups. Depuis une vingtaine d’années, certains chercheurs envisagent très sérieusement de fertiliser certains océans pour doper la croissance du plancton. Pour grandir, celui-ci pompe du gaz carbonique dans l’eau, et par ricochet dans l’air. A sa mort, le squelette planctonique coule au fond de l’océan, emportant avec lui le carbone accumulé au cours de sa vie. D’où l’idée de déverser des substances nutritives dans des régions où le plancton est peu concentré. Dans les eaux Antarctiques, par exemple.

Les premières expériences, une douzaine au total, ont été conduites à l’aide de fer. Une manière d’imiter un processus naturel qui disperse de grandes quantités de poussières du métal depuis les déserts vers l’océan. Des entreprises se sont créées, qui espèrent vendre, en dopant le plancton, des droits d’émission de gaz carbonique en échange du carbone pompé et piégé dans les océans. Au début de l’année 2008, la Convention des Nations-Unies sur la biodiversité avait émis de sérieux doutes sur ce concept. Car des travaux ont montré que la capture de carbone est relativement peu efficace, et que la dispersion de fer peut modifier l’écosystème.

Le rapport de l’ACE-CRC devrait être publié dans quelques jours. Mais l’Agence de presse Reuters a pu le lire en avant première. «La fertilisation des océans pourrait provoquer des modifications dans a structure des écosystèmes et avoir d’autres effets indésirables», écrivent les auteurs. L’organisme australien, qui a participé à plusieurs expériences sur la fertilisation, constate que la dispersion de fer provoque une croissance planctonique, mais qu’il existe une incertitude sur son rôle de piège à carbone à long terme. Ce qui ne doit pas empêcher de faire des expériences à grande échelle, souligne Dan Whaley, le patron de Climos, une firme californienne qui projette une campagne d’essais dans l’océan austral en 2010. Interrogé par Reuters, il estime qu’elle devrait concerner une zone de deux cent kilomètres de diamètre (environ 31000 kilomètres carrés).

Parmi les principaux reproches faits à la fertilisation, l’ACE-CRC souligne qu’elle pourrait, dans le meilleur des cas, séquestrer un milliard de tonnes de carbone chaque année, soit seulement 15% des émission atmosphériques provoquées par les activités humaines. Le centre de recherches australien recommande d’intensifier les études sur les effets secondaires de la fertlisation.

Cela n’empêche pas une autre compagnie, australienne celle-là, d’envisager des expériences à grande échelle. Ocean Nourishment, fondée par le chercheur Ian Jones, travaille sur une autre substance, l’urée, disponible en grandes quantités. Lui prétend à la fois pomper le carbone et, par le dopage du plancton, favoriser les stocks de poissons et renforcer la sécurité alimentaire de la planète. Un argument repris également par Planktos Science, une autre entreprise américaine créée il y a quelques mois sur les cendres d’une première startup, Planktos. Elle affirme que la fertilisation permettrait au passage de lutter contre les effets de l’acidification des océans, liée à une trop forte absorption de gaz carbonique.

Image: Le plancton vu par le satellite SeaWiFS de la Nasa pendant l'expérience SOIREE sur le dopage du plancton en 2000 © Nasa


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