Notre père qui êtes aux cieux, attention, on t’envoie du monde

Publié le 07 août 2007 par Frednetick

A l’instar de Seb, la religion est devenue un sujet de préoccupation ces derniers temps. Non pas tant en raison de sa prégnance sur les relations géopolitiques actuelles qu’en raison de l’importance personnelle qu’elle représente pour un grand nombre de citoyens.

Ayant dans mon entourage des catholiques pratiquants, des athées laïques intégristes, une juive pas vraiment au fait de sa religion et des musulmans pratiquants, vous comprendrez aisément que nos discussions sont parfois enfiévrées.

Au milieu de ce brouhaha religieux, je trône, drapé dans la superbe d’un agnosticisme tolérant, lisant, écoutant et féraillant pour comprendre le pourquoi de la chose.

Longtemps, les mythes furent avancés pour “remplir” les vides que la science alors inexistante n’avait pu combler. Puis peu à peu des religions plus monothéistes ont “vu le jour”, prenant le pas sur les anciens paganismes. Les trois principales religions - hors asie - étant des religions révélées (réveler qui du latin revelare veut dire lever le voile, découvrir, mettre à nu), il se pose naturellement la question qui révèle et qui transcrit.

La bible (le “Livre”) qu’elle soit chrétienne avec son ancien et nouveau testament ou hébraïque (sans nouveau testatment ni les livres deutérocanoniques) est un base qui accepte le fait que les mots de dieu soient passés au prisme du récipiendaire.

Au contraire, les 6219 versets du coran sont la parole de dieu même.

Ce qui d’un point de vue pratique soulève de nombreuses conséquences. Si d’un côté il peut être toléré voir enseigné de pratiquer l’interprétation (le talmud juif est l’écrit d’une tradition orale) et d’accepter que la pratique (la “tradition” catholique) intègre le corpus religieux, il est beaucoup plus difficile de l’accepter du côté musulman.

Du moins pour certains. Car les plus rétifs à la modernisation du texte en appelle non pas au texte même , seul, mais à l’interprétation (sunna) qu’en a fourni la première génération après le prophète, ce qui se révèle beaucoup plus spécieux, cette interprétation étant elle même datée historiquement.

Mais alors qu’en est-il d’un point de vue personnel, car toutes ces réflexions de base n’ont pas fait avancer le schmilihimblick d’un pouce (inch soit 2.54 cm)? On y vient.

L’islam actuel se trouve dans une situation qui était celle des pays catholiques il y a quelques centaines d’années. Le pape adoubait les souverains lesquels ne pouvaient se maintenir qu’en arguant d’une filiation plus ou moins divine. L’église était partout, à la fois précepteur moral et rouage de l’Etat. L’islam actuel “semble” être sur le même mode de fonctionnement.

Je dis semble car ma connaissance de l’islam n’est que parcellaire et comme toute connaissance personnelle, elle est passée au moulin de ma perception.

Pourquoi donc est-on dans une situation où la pratique de la grande majorité des musulmans n’est pas celle qui semble être la pratique de “l’Islam” médiatique???

Deux raisons selon moi:

1) L’instrumentalisation faite par les américains de la confusion entre islam et islamisme. Au lendemain du 11 septembre, montrer du doigt les muslmans au lieu de prendre le temps d’expliquer la complexité du problème est commode. L’intelligence du président Bush étant ce qu’ell est, telle fut la présentation du problème et que voilà le cher Huntington sorti de sa léthargie.

2) Plus complexe, la vocation de l’Islam. Comme la chrétienneté, l’Islam a une vocation universelle, exacerbée par les interprétations de certains malades type Hassan Al Banna, fondateur des Frères Musulmans. Pour lui,

l’Islam est un système total, complet en lui même, arbitre final de tous les aspects de la vie. Les prescriptions de l’islam embrassent la totalité, elles comprennent les affaires terrestre aussi bien que celles de l’après […] l’islam est foi et culte, patrie et citoyenneté, religion et Etat, spiritualité et action, livre et sabre

 Dès lors l’enchevêtrement institutionnel qui découle de cette conception, conjugué à l’influence notable de certaines université (comme celle d’Al Asar en Egypte ou de Quom en Iran), font appraître les “décideurs” musulmans comme des représentants de la société musulmane. Ce qu’ils ne sont pas forcément. En France 65% des musulmans se définissent comme français d’abord, alors que les plus intégristes affirment que la nationalité d’un musulman, c’est sa foi.

Comprendre la complexité de l’environnement dans lequel les musulmans doivent aujourd’hui pratiquer est un aspect essentiel pour comprendre le pourquoi des choses. Si aujourd’hui en France il n’existe pas de représentants visibles à l’assemblée des musulmans de France c’est un risque non négligeable pour la pérénité du sentiment d’appartenance à la République française. En effet, lorsqu’une particularité ne peut s’exprimer au travers d’un circuit institutionnel, elle cherche à s’exprimer autrement.

Dans un monde sous domination US, occidentale, le particularisme musulman est tû. Dès lors il s’exprime par d’autres méthodes que la morale réprouve.

Dans cet imbroglio, la religion vécue personnellement tend à envahir un espace qui ne devrait pas être le sien, l’espace public.

Que l’on puise offrir une visibilité est une chose, que la vie publique se teinte de religiosité en est une autre.

Et pourtant c’est la cas. Survivance assez vivace de la longue tradition chrétienne, les jours fériés sont souvent des fêtes religieuses.

Pour être clair avec nous même, et juste avec tous, laïc respectueux mais résolu, il faudrait repartir de zéro. La question est: La France, le monde en a t-il envie?

Demain, la religion, la raison et le big bang.