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Couinement au théatre....

Publié le 16 décembre 2008 par Dagrouik

Lundi soir, j'étais donc invité (youpi) au théâtre du rond-point avec mes collègues blogueurs : Eric Mainville et Vogelsong. Mediapart organisait donc un événement avec d'autres médias, journalistes sur la liberté de le presse et les médias.

Parmi les invités politiques on trouvait Benoit Hamon (porte parole du PS) , Bensaïd de la LCR-NPA , Bayrou, Mariton UMP galouzsiste libéral, Noel Mamère et le député PCF Braouzec venus de l'assemblée nationale, Rosenvallon de la république des idées...

Bref, une espèce de coalition arc-en-ciel avant l'heure. Logique me direz-vous, le sujet est grave. Ils ont tous été d'accord ( sauf Mariton) pour organiser une manifestation citoyenne en Janvier pour protester contre la république bananière qui essaye de contrôler les médias audio-visuels et dénoncer l'état lamentable de la presse Française aux mains d'intérêts industriels et tendant vers une uniformisation des contenus ( visible dans la presse locale).

Vogelsong et moi même avions une raison d'y aller, il s'est frotté à Edwy Plenel sur son blog et moi à une journaliste ancienne salariée du Monde qui m'a appris à mon grand regret qu'Eric Le Boucher était parti de lui même, sans cailloux ni jets de chaussures. Ces deux-là croyaient qu'on voulait du mal aux salariés des groupes de presse. Mais non, mais non, quand nous dénonçons  Libération comme journal sans fond ou de journalistes nuls,  ça ne vise que la direction. En plus, dans les cas que je cite, ce sont des stars de la médiacratie qui expriment eux-même cette nullité.

Tout ça ne vise donc pas les précaires obligés de faire ce qu'on leur demande de faire sous peine de laisser la place à un autre ou de se faire délocaliser. Ne rigolez pas, un grand briton à expliqué aux frenchies hier soir que la délocalisation des journalistes vers les pays francophones à bas-coût ça se fera. Et c'est l'excuse de la baisse des couts de productions qui est une grosse intox: ce sont les mêmes prix dans l'UE. Ça a commencé aux USA.

Moi ce qui m'a étonné, nonobstant la grande qualité des interventions, c'est que toutes ces pressions, ces fouilles rectales et autres existent pour des tas de gens qui n'ont pas de carte de presse.

Mais ne l'oublions pas nous sommes dans un pays où désormais mettre les gamins de 12 ans ou les fous en prison apparait être du bon sens pour certains ministres. Il suffit de dire "merde" à un policier (outrage), de résister à l'interpellation ( rébellion ) ou de demander de l'aide (provocation à l'émeute) pour se retrouver en comparution immédiate et passer jusqu'à 6 mois en prison.

J'invite donc ces citoyens à la révolte tardive à s'inquiéter régulièrement de l'augmentation alarmante des procédures en comparution immédiate ( multipliées par 2 en 5 ans) et au nombre considérable de gardes à vues qui correspond en gros à quelques heures de prison (24 ou 48h) sans jugement. Il leur suffit par exemple de consulter la chronique judiciaire du canard enchaîné. C'est tout les mercredi.

ils peuvent aussi consulter le site du monde, qui propose un article sur ce sujet, et propose une belle infographie. Alors oui bien sûr, le journaliste est une sentinelle de la démocratie. Et à ce titre on doit le respecter. Mais Sarkozy s'en fout: Il détruit tous les pouvoirs intermédiaires , il s'en fout des sentinelles : il organise des grenelles bidons. Il a rétabli l'usage pénal de l'offense au président de la république alors que Giscard d'Estaing l'avait fait oublier.

Edwy Plenel a raison quand il dit "non au renoncement, non à la résignation" , surtout quand à ce moment là arrive François Hollande. Mais ce renoncement, cette résignation de date-t-elle pas de quelques années ? Surtout quand les intervenants dénonceront tous la collusion, les mélanges des genres entre industriels de la presse et pouvoir sarkozyste.

Bien sûr, qu'en 1830 c'est entre autre à cause de la restriction à la liberté de la presse, que des parisiens se révoltèrent. Mais il y avait 3 autres ordonnances, dont une qui donnait le pouvoir absolu au roi Charles X. C'est le tout qui a été dénoncé: le retour au pouvoir autocratique. Et notre république bananière ne dispose pas non plus d'un Freedom of Information Act comme les USA, et celui-ci date de 1967. Cela permettrait aux journalistes et citoyens-blogueurs d'accéder gratuitement aux informations et données publiques. Mais pour cela, il faudra d'abord changer la république!

Rosenvallon, professeurs d'histoire a fait du story-telling, exactement ce qu'il dénonce. Et oui, il nous à raconté l'histoire de Napoléon III. (NDLC: oui c'est un peu tiré par les cheveux, mais tellement facile). Il nous a parlé des députés UMP contraint de prendre le bus pour aller se faire remonter les bretelles par Sarkozy: On s'en fout, c'est leur problème à cette bande de veaux s'ils acceptent. Tout comme la volonté de briser l'intérêt majoritaire ou de lutter contre la confusion de l'intérêt général avec l'intérêt majoritaire... Ce sont de belles idées, mais ils sont déjà en retard d'une guerre. Sarkozy s'est intallé dans le rapport direct au peuple, il bouge, gigote, communique sur tout et n'importe quoi. Il assomme et anesthésie les corps intermédiaires (presse, syndicats..). Son rêve secret c'est le plébiscite soyez en sûrs. Il méprise les "avertisseurs publics".

Noel Mamère a remis les choses dans le contexte courant, et rappelé que l'intoxication "ultra-gauche" de MAM sur les jeunes de Tarnac avait bénéficié de la bienveillante fainéantise morale de la presse française qui a d'abord commencé par recopier les communiqués de presse avant de se poser les bonnes questions pour certains... Tout ça participe d'une stratégie de la tension, que Braouzec ( son pote coco de l'assemblée) dénoncera lui aussi. Forcément, les deux avaient du réviser leur truc à l'assemblée. Il expliquera à juste titre, que les idées non "politiquement correct" n'arrivent pas à diffuser dans la presse. Les avis contraires ne bénéficient pas d'un traitement équivalent aux dogmes officiels. Donc messieurs et mesdames les journalistes, sachez que TINA ça commence déjà dans les cerveaux.

Bensaïd, en petit soldat du NPA , nous a parlé de la déconstruction de la chose publique à coup de privatisation du droit, et des choses ( je n'ai pas pu voir la tête de François Hollande à ce moment là). Il nous a rappelé que dans 8 nations de l'UE, l'effectif de police privée dépassait la police publique. C'est un indicateur inquiétant: Les milices sont déjà là. Je ne sais cependant pas quel est le rapport avec le problème de la presse nulle et sans financements.

Mariton, député UMP sarko-critique a eu quelques moments de sincérité : "beaucoup peuvent être troublés" par l'évolution des choses dans le domaine de l'information. "trop d'images, pas assez de fait", "le débat se fait sur l'agitation", "je m'inquiête". Mais d'après lui, il ne faut pas faire d'amalgame. Il préférerait un CSA doté de plus de pouvoirs et devenu plus vertueux par des nominations et décisions plus transparente. Personnellement, je suis pour, mais ça demande plus de détails. Tout ce qui peut conduire à de la transparence dans les décisions des organes de la république ne peut aller que dans le bon sens.

Benoit euhhh Hamon euuuh  a eu un message politique simple et très bon dans le contexte de crise sociale grave. Ce qu'il entend partout, c'est un message simple "ce n'est pas juste" et "pourquoi?". Les victimes du vaste bordel néo-libéral ont un fort besoin d'information: Ils veulent connaitre les causes et savoir qui est responsable de cette situation, et de leur situation locale. Il faut donc une presse et des médias libres et pluralistes pour donner les bonnes informations. Je précise que si les gens ont des informations à donner et que la presse locale ne veut, pas vous pouvez toujours ouvrir des blogs ou vous adresser à des blogueurs de gauche pour les diffuser (si toutefois ça vaut le coup). Nous ne dépendons pas de la publicité et sommes pluralistes, on tolère même les titinistes ;o)

On notera aussi, que Benoit Hamon à discuté avec François Bayrou et rigolé avec Mariton. Il existe une vidéo qui en dit long.

Bayrou était content, c'est le seul à avoir observé que le NPA, les verts, le PCF, le PS et le MODEM et un UMP dissident étaient présents. Et oui, aucun n'autre n'a fait cette remarque. Et puis, il faut le dire, les médias vendus au pouvoir ça le connait.  Il a donc distribué des claques dont une un peu hors sujet à Bernard Kouchner en parlant du naufrage du boat poeple. Il a cité les risques de faillite dans la presse US, pourtant jugée solide, et a dénoncé encore une fois les ravages de l'argent dans la presse provoquant une grimace de Benoit Hamon qui a du regreter de ne pas en avoir parlé. Le centriste a aussi réclamé un mouvement social et civique contre tout ce bordel. Il devrait donc être dedans. Il nous a aussi expliqué que la TV publique appartient à ceux qui payent des impots et la redevance audiovisuelle.

La notion de bien public , et de choses publique a donc été reprise par plusieurs intervenants. En particulier des journalistes ou  patrons de presse: Edwy Plenel, Jean-François Kahn et par le centriste Bayrou.

C'est bien beau de parler de bien public pour la télévision, mais il y a d'autres bien publics qui se sont pris de plein fouets les délires libéraux. Et on a pas vu Messieurs Plenel, Kahn et Bayrou et d'autres encore dénoncer ces privatisations. France Télécom et EDF/GDF rentrent dans ces biens publics. Tenaient ils alors le même discours ? bien sûr que non. Ils ne s'alarment que lorsque la chose immonde s'approche de leur jouet outil de travail, de leurs amis et sont mêmes capables de dénoncer leurs "amis" qui ne se sentent pas concernés par le risque de "finir sur une voie de garage". On ne leur fera pas de procès en corporatisme, cette façon de se reveiller quand les choses ne nous concerne que nous personnellement est hélas présente dans beaucoup de corps sociaux.

Cela vient un peu tardivement, l'état de la presse française est tel qu'il me semble difficile de remettre tout ça dans le bon chemin. Même sur Internet, le retard est colossal : le site du Guardian fait a lui seul autant de visiteurs uniques mensuels que l'ensemble des sites de presse français.

Tout ça c'est beau , mais que fais-t-on concrètement pour s'opposer à tout ce bordel ? C'est ce que je me suis demandé et ce qu'un jeune intervenant Quentin a posé comme question du fond de la salle. Le bougre s'occupe d'un appel citoyen pour un système public d'information. La réponse fut lénifiante, en gros c'est "réunissons nous, faisons un autre appel" avec 5 magazines.

C'est mal parti, je vous le dit. Mais peut-être que si une crise sociale majeure se produit, alors verrons nous les égoïsmes et oublis des uns s'effacer devant .. un bien public, celui de la cohésion sociale et du progrès pour tous.


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