Le matin, en arrivant au boulot, un feu rouge. Il est forcément rouge, celui d'avant étant passé au vert. Un feu rouge tout ce qu'il y a de plus feu rouge, en un peu long, peut-être. J'attends. Ultimes secondes avant d'entrer dans la jungle professionnelle.
A ma droite, en ce moment, on y vend du sapin. Le reste du temps, c'est un parking.
A ma gauche, la vitrine d'un tabac-presse. Tellement remplie, la vitrine, tellement anotée et éclairée qu'on n'y voit rien.
En face, un café-PMU. Sur la façade, un tableau sur lequel, chaque jour, une jeune femme note le menu du midi. L'endroit fait cantine. J'y ai eu, naguère, mon couvert. D'ordinaire, quand je vois comme ça dés potron minet paupiettes, quenelles, choucroute, ou escalopes à la crème : un haut le coeur. Pas l'âme gloutonne au réveil. Vite, filer. Ne pas faire durer le supplice.
Mais ce matin, ce fut voyage !
Chili con Carné, il y a écrit. Sourire. J'adore le Chili. Et dans la foulée, re-sourire. Chili me renvoie aussi sec au film 37°2 le matin. Le rapport est évident (pour moi) : c'est ce film qui m'a fait découvrir le Chili. C'est dans ce film qu'à un moment donné, dans sa cambuse, le gars Danglade prépare une tambouille de Chili pour la nana qui a déboulé chez lui. Et ils mangent. Et ils sont heureux. Et ils se dévorent les yeux. En mangeant du Chili.
Une image de bonheur, quelque part. Et le goût du bonheur, d'un bonheur, d'un instant de bonheur. Partagé. Chaud. En bord de mer.
Et puis Beineix, le cinéma, Djian, l'écriture, la littérature, Bukowski, la musique, Eicher. Y'en a des choses dans un plat. D'autant que le Chili m'évoque aussi le feu de bois des cowboys, l'ambiance western, le cinéma on y revient, la casserole qui cuit à même les flammes, lle camping, 'oeil du solitaire qui mastique, la nuit étoilée.
Un feu rouge. Un haricot rouge. Des voyages. Vert.
- En bonus, un lien vers le chaudron magique. Les références y sont excellentes ;-)