La peur du jeune...

C'est un coup de théâtre sur fond de tragédie grecque. La reculade de Xavier Darcos et de Nicolas Sarkozy sur la réforme des lycées ressemble à un revirement de dernière minute. Dimanche 14 décembre, le ministre en était encore à confirmer, dans un entretien au Journal du dimanche que sa réforme de la classe de seconde entrerait en vigueur lors de la prochaine rentrée. Mais voilà, c’est la crainte d’une explosion sociale "à la grecque" et de la colère des lycéens qui a fait reculer le ministre et surtout l’Elysée.
Je suis loin d'être sûr que ce report de la réforme, même si c'est une très bonne nouvelle, permettra de dégonfler le mécontentement. Les lycéens ont déjà déclaré qu’ils maintenaient la pression et leurs appels à manifester. Ils ont raison. Au-delà de ce projet de réforme, les sujets de contentieux sont encore nombreux. Comment envisager une relation de confiance et de sérénité entre la jeunesse, les enseignants, les parents d'élèves et le ministre si le gouvernement maintient la suppression de 25 000 postes d'enseignants dont 3000 postes de Rased et la réforme de l'école élémentaire et maternelle ?
Depuis plusieurs années, avec une opinion publique de plus en plus timorée, résignée ou complaisante, il faut bien constater que les seuls mouvements d’opposition inquiétants pour le pouvoir sont venus des jeunes. Ce gouvernement en a peur, il entretient à son égard une méfiance viscérale qui le conduit, à travers une législation pénale de plus en plus brutale et un discours de stigmatisation systématique, à multiplier les mesures répressives. Ils suffit de quelques défilés lycéens pour faire plier un ministre qui, pourtant, quelques heures plus tôt, se vantait encore de ne pas être le « ministre de l’hésitation nationale ».